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Nocturne
La nuit écoute et se penche sur l'onde
Pour y cueillir rien qu'un souffle d'amour ;
Pas de lueur, pas de musique au monde,
Pas de sommeil pour moi ni de séjour.
Ô mère, ô Nuit, de ta source profonde
Verse-nous, verse enfin l'oubli du jour.
Verse l'oubli de l'angoisse et du jour ;
Chante ; ton chant assoupit l'âme et l'onde
Fais de ton sein pour mon âme un séjour,
Elle est bien lasse, ô mère, de ce monde,
Où le baiser ne veut pas dire amour,
Où l'âme aimée est moins que toi profonde.
Car toute chose aimée est moins profonde,
Ô Nuit, que toi, fille et mère du jour ;
Toi dont l'attente est le répit du monde,
Toi dont le souffle est plein de mots d'amour,
Toi dont l'haleine enfle et réprime l'onde,
Toi dont l'ombre a tout le ciel pour séjour.
La misère humble et lasse, sans séjour,
S'abrite et dort sous ton aile profonde ;
Tu fais à tous l'aumône de l'amour :
Toutes les soifs viennent boire à ton onde,
Tout ce qui pleure et se dérobe au jour,
Toutes les faims et tous les maux du monde.
Moi seul je veille et ne vois dans ce monde
Que ma douleur qui n'ait point de séjour
Où s'abriter sur ta rive profonde
Et s'endormir sous tes yeux loin du jour ;
Je vais toujours cherchant au bord de l'onde
Le sang du beau pied blessé de l'amour.
La mer est sombre où tu naquis, amour,
Pleine des pleurs et des sanglots du monde ;
On ne voit plus le gouffre où naît le jour
Luire et frémir sous ta lueur profonde ;
Mais dans les coeurs d'homme où tu fais séjour
La couleur monte et baisse comme une onde.
Envoi
Fille de l'onde et mère de l'amour,
Du haut séjour plein de ta paix profonde
Sur ce bas monde épands un peu de jour.- mai 13 2013 06:49
- par tim
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la rose noir
L'amour et la mort
l'amour est la mort
la mort touffe de tigres aux doigts des jours
l'amour fait le mort
l'amour fait la mort
avec moi dis-je mais
avec moi la mort fait l'amour
aux crochets des barricades.- mai 12 2013 05:57
- par tim
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Les urnes de julie
Peu à peu s'affaiblit mon écorce mortelle,
Je reverrai bientôt ce qui me fut si cher ;
Je dresse sur un mont un odorant bûcher,
Que je vais allumant moi-même de mon aile.
Je porte au flanc la mort, son trait et sa quadrelle,
Et soupirant ma fin que je sens approcher,
Je fais de mes deux yeux un grand fleuve épancher,
Pour baigner l'urne sainte où repose la belle.
Le cygne blanchissant dessus le mol cristal
De caystre aux doux flots chante l'hymne fatal,
Et les funèbres sons de la mort qui l'appelle :
Ainsi sur l'arbre sec et les nuits et les jours,
Cachée au fond d'un bois la chaste tourterelle
En lamentable voix soupire ses amours.- mai 12 2013 05:52
- par tim
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Le débat du cœur et du corps de Villon
Qu'est ce que j'oi ? Ce suisje ! Qui ? Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
Pour quoi estce ? Pour ta folle plaisance.
Que t'en chautil ? J'en ai la déplaisance.
Laissem'en paix. Pour quoi ? J'y penserai.
Quand serace ? Quand serai hors d'enfance.
Plus ne t'en dis. Et je m'en passerai.
Que pensestu ? Etre homme de valeur.
Tu as trente ans C'est l'âge d'un mulet
Estce enfance ? Nenni. C'est donc foleur
Qui te saisit ? Par où ? Par le collet ?
Rien ne connois. Si fais. Quoi ? Mouche en lait ;
L'un est blanc, l'autre est noir, c'est la distance.
Estce donc tout ? Que veuxtu que je tance ?
Se n'est assez, je recommencerai.
Tu es perdu ! J'y mettrai résistance.
Plus ne t'en dis. Et je m'en passerai.
J'en ai le deuil ; toi, le mal et douleur.
Se fusse un pauvre idiot et folet,
Encore eusses de t'excuser couleur :
Si n'astu soin, tout t'est un, bel ou laid.
Ou la tête as plus dure qu'un jalet,
Ou mieux te plaît qu'honneur cette méchance !
Que répondras à cette conséquence ?
J'en serai hors quand je trépasserai.
Dieu, quel confort ! Quelle sage éloquence !
Plus ne t'en dis. Et je m'en passerai.
Dont vient ce mal ? Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me fit mon fardelet,
Ces maux y mit, je le croi. C'est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son varlet.
Vois que Salmon écrit en son rolet ;
' Homme sage, ce ditil, a puissance
Sur planètes et sur leur influence. '
Je n'en crois rien : tel qu'ils m'ont fait serai.
Que distu ? Da ! certes, c'est ma créance.
Plus ne t'en dis. Et je m'en passerai.
Veuxtu vivre ? Dieu m'en doint la puissance !
Il le faut... Quoi ? Remords de conscience,
Lire sans fin. En quoi ? Lire en science,
Laisser les fous ! Bien j'y aviserai.
Or le retiens ! J'en ai bien souvenance.
N'attends pas tant que tourne à déplaisance.
Plus ne t'en dis Et je m'en passerai.- avril 11 2013 06:58
- par tim