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[khalid berrada]

L'amour en deuil


Moins que rien dans le temps, un clin d’œil,
Le relèvement d’un cil, moins d’une seconde,
La durée d’un soupir émis d’un cœur en veille,
L'instantanéité souvenue d’un silence immonde
T’ont suffi pour tuer en moi, aux yeux du monde
Cet amour déjà moribond et d’en faire mon deuil.

C’est comme ça, c’est fini, je fais vraiment mon deuil,
Je ramasse ce qui reste de mes amours profondes
Entassées au creux d’une mémoire qui se réveille,
Pour les soustraire, les éjecter au profond des ondes
Dans un temps lointain, un millier à la ronde
Pour ne plus jamais revenir hanter mon sommeil.

C’en est vraiment fini, je fais donc mon deuil,
Je me plie aux appels d’un coeur qui mande
D’oublier cet instant où j’avais caché mon orgueil,
Te déclarant, dans un langage embelli de guirlandes
Où l’on sentait ce soir d’automne un parfum de lavande,
Mon amour que tu enterres vivant sans qu’il ne le veuille.

Rejeté par ton coeur, arrêté à son seuil
Impénétrable, tenace, comme la coquille d’amande,
Vide de tout sentiment sans me prêter l’oreille
Pour écouter mes cris, mes plaintes qui se confondent,
A travers l’injustice du temps, où le juste s’inonde
Dans les secrets du mal silencieux qui l’accueille.

Tu enterres aussi mes poèmes, et l’âme dans le cercueil.
Mais mon cœur accablé que je t’avais donné en offrande
Je le reprends, je te l’arrache, je le réveille
Je le remets au chaud, je l’amourache, je le gronde
De ne plus encore aimer ni brunes ni blondes
Dans ce temps où l’amour rime avec oseille.

Et de toi, et de tout ça, j’en faits bien mon deuil.