Aller au contenu

Photo

....................NOIRE BALAFRE !


  • Veuillez vous connecter pour répondre
3 réponses à ce sujet

#1 LeSlovène

LeSlovène

    Tlpsien ++

  • Membre
  • PipPipPip
  • 366 messages

Posté 29 mai 2007 - 08:16

(Réédition ).







C'est l'histoire d'une nuit déjantée !
..... mais pas celle que vous imaginez !!


l'histoire d'une grande toile blanche ( ...blanche au début de la nuit ) et d'une jouissance finale entre le crépuscule d'un samedi et le début d'un beau dimanche....

c'est la belle histoire d'un poème écrit en quelques instants, à l'aube d'un jour cloturant une nuit magique, une nuit où j'ai osé soulever de ma chair le voile
une histoire qui m'aura donné un plaisir sans pareil.........

..........et c'est là,
juste en dessous des étoiles ...... Image IPB

******************************************************************
....................... Image IPB

Peintre barbouilleur à mes heures,
donnant des couleurs à mes élucubrations par le biais de grandes toiles abstraites, je peins et traduis en gestes brefs et simples tout ce qui me touche, tout ce que je ressens, quand durant la nuit je vis intérieurement la toile qu'au lendemain je vais commencer.

Je vibre, je vais me livrer corps et âme dans des formes "sans formes", des couleurs brutes et franches. Et quand la peinture projetée s'écrase sur le blanc acrylique, c'est toute ma vie qui explose:
mes amours, mes peines, mes amitiés, mes joies extrêmes, mes excès, mes ambitions... et aussi mes doutes, mon mal de vivre du moment.

Et je suis le roi du monde quand je trouve la courbe belle, et le noir profond, ou le plus petit des hommes, insignifiant et prétentieux quand le mélange des couleurs ne donne rien ou que le trait est faible et sans consistance.

Il y a quelques années, à un tournant important de ma vie, j'avais décidé de mettre en couleur tout ce que j'avais dans la tête et qui me brûlait à force de ne pouvoir l'exprimer.

J'ai repris les pinceaux, que je taquinais jusqu'alors de façon assez académique....
................marre!!!

Alors cette fois j'ai décidé d'y aller avec mes tripes et en beaucoup plus grand : balais de tapissier, grosses brosses de plâtrier, brosses dures à rincer!.... et j'en passe !
..................... Image IPB
................................. .. ... visez l'tableau !!

J'en avais rêvé, j'ai transpiré, j'avais les couleurs dans ma tête depuis des jours.
Est-ce que mes mains sauraient être à la hauteur de mes coups de sang, mon geste serait-il suffisemment vif !?
Cette nuit là ...j'ai recommencé à peindre et au matin j'avais aussi écris ces quelques vers .
>





" NOIRE BALAFRE "

Brut écru d'acrylique blanchi,
Vestiges en fond de nuances grisées
Par trop d'années assoupies
Passion délaissée
Juste endormie

Réveil d'un soir
En zébrures bleues de lumière profonde,
Noire balafre puissante et vive,
Et juste pour voir,
Plaisir furtif, choc de l'onde,
Larme rouge qui ravive,
S'épanche et s'écrase
Tache écarlate projetée,
Moment d'extase,
Sublime vertige
Par le noir absorbé

Carapace veloutée
Pour intérieur qui fusionne,
Entre deux journées, clarté
J'exulte, je donne

Pour un instant passionné
Un laps de temps, une pose
Je transpire, j'explose
De tensions éclatées

Gestes tranchés et libres
Tendu mais serein
Je jouis,
Je vibre,
...Je peins!







.....Et puis faute d'avoir mal à mes nuits, pas de temps à donner au temps, au fil des jours j’ai perdu l’envie. Mais durant les long week-ends de printemps je vais ressortir enfin mes énormes pinceaux......

....difficile de se lâcher devant un grand rectangle blanc, et plus difficile encore dans les formes abstraites. Dans ce que j'appelle mes anciennes croûtes classiques je peignais les choses que je voyais en face de moi, natures mortes essentiellement, paysages, photos, ……….mais pour moi étaient sans âme, sans force.

Mais quand je ne cherche pas à reproduire, quand je souhaite jeter sur la toile ce que je ressens, à l'intérieur, alors là c'est une "autre paire de manches" parce qu'il faut que la tache, le trait, le barbouillage me ressemble à l'instant précis. Quand les formes ne me plaisent pas d'emblée, j'enrage parce que je me trahis. Par contre si une grande balafre bleue d'une demi seconde, est vive et nette dans le sens de mon humeur, alors la peinture m'apaise. Et quand j'arrive à une succession de couleurs et de formes dans cet esprit, alors cette fois c'est du plaisir à l’état pur, la cerise sur le gâteau
.......................... Image IPB
....ma soupape de sécurité !!!











.........Ce texte et ce poème furent suivis par un extraordinaire commentaire d'’’Artus’’ lors de la 1ère édition de T.L.P., sur la 1ère version du site.
Je me demande encore quelle patience il lui aura fallu pour penser et écrire ce qui suit.
......je veux ici lui rendre hommage
et je l'en remercie encore du fond du coeur:



********************************************************************************


<< Oui, on en redemande !

LeSlovène, je vous avez déjà dit que j'appréciais ce texte, et j'ai envie aujourd'hui d'aller un peu plus loin et de me pencher sur les raisons pour lesquelles il retient mon attention.

Vous signalez juste après votre poème que 'dans [votre] ignorance de la méthode et de la chose bien écrite, [vous vous moquiez] déjà de la métrique !!'. Dans la mesure où votre écrit adopte le vers libre, effectivement, nul besoin de métrique ! Et pourtant...

Car s'il n'y a nulle métrique fixe ici, il n'y en a pas moins de rythme (et le rythme, c'est justement ce que la métrique est chargée de produire, que ce soit dans un respect scrupuleux d'un mètre choisi au départ, ou justement en procédant par effet de rupture - en changeant de mètre, ou par des effets de rejets ou d'enjambements qui visent à faire exploser le vers ; voir en cela les sonnets de Callinira, qui détruit sans arrêt l'alexandrin syntaxiquement, tout en faisant mine de le respecter métriquement ).

La question qui se pose alors, c'est :

"Mais comment fait-il ? Comment LeSlovène parvient-il à donner un rythme à son poème, tout en se passant de métrique fixe ?"

A mon avis (c'est du moins comme ça que je le vois), la force de l'écriture de LeSlovène est qu'elle est mimétique de la respiration de son auteur, ou plutôt mimétique du souffle créatif qui le saisit quand il peint ou quand il écrit. L'expérience de la création semble pour lui quelque chose de très prenant, sans doute de quintessenciel :
il s'agit de faire surgir sur la toile ou le papier ce qu'il y a d'enfoui au plus profond de lui.

Il est probable qu'il en est de même pour plusieurs d'entre nous (chercher à dire le non-dit qui nous oppresse de l'intérieur), mais la particularité de LeSlovène est sans doute que son style en est imprégné au plus haut point :
chaque vers est comme un coup de pinceau, comme une recherche mentale qu'il tente de faire passer sur la toile en un geste tantôt sec, tantôt appuyé, tantôt adouci, pour finir dans l'exaltation finale ‘' Je peins '’
A ce titre, le texte introductif à son poème est aussi intéressant que le poème lui-même :
en effet, toute la concentration de l'artiste est déjà là, les mots sont précis, les phrases sans fioriture. Et le poème est lui aussi dépourvu de tout excès de matériau : pas un mot en trop, pas un coup de pinceau mal placé.

Jetons un oeil au rythme du poème :

Les cinq premiers vers du poème sont détachés en une strophe, et correspondent à la phase ante-créative : les deux premiers vers s'étalent et opèrent une montée (de huit syllabes à neuf - j'ai opté naturellement pour une lecture moderne des vers, en sautant un certain nombre de 'e' muets). Ils disent ainsi une certaine durée, un temps qui passe, sans activité. Puis les trois vers suivants miment le changement progressif d'attitude : ‘' trop d'années ’' anticipe la reprise en main des pinceaux, et justifie que le rythme descende déjà ici avec un vers qui n'est plus que de sept syllabes.

’' Passion délaissée '’ renvoie d'un côté (avec 'passion') à ce que l'on ne contrôle pas, qui nous saisit sans prévenir et dont l'on a même besoin pour vivre, et de l'autre à ce qui apparaît comme une négligence, presque une culpabilisation de l'artiste aussi. ‘' Juste endormie ’' : la passion n'en est pas morte, et l'on a ici évidemment l'annonce d'un réveil imminent. Le rythme s'est encore accéléré, passant à cinq puis quatre syllabes.

Le réveil de la peinture coïncide avec l'accélération du souffle du peintre (et que l'on retrouve -ce n'est pas un hasard- dans le rythme du poème), un souffle qui était celui d'une personne endormie (le peintre, ou même la peinture personnifiée) et qui a changé, qui s'est accéléré, qui est devenu celui de l'activité, de la vie, de la création.

’' réveil d'un soir '’ : vers court (un soir, brusquement, le peintre endormi dans l'homme se 'réveille')
Et après, je lis l'alternance des mètres comme la diversité des positions de l'artiste face à sa toile, donnant des coups de pinceau (et autres brosses) tantôt appuyés (je me répète, là, je sais), l'air concentré, tantôt osant quelque chose, inspiré :
’' Et juste pour voir '’
’' Plaisir furtif
’'
(rythme court, incisif)

La mise en abyme est ici constante, et l'on va sans arrêt du peintre à l'écrivain et de l'écrivain au peintre. L'expression ‘' larme rouge ’', par exemple :
le mot larme renvoie évidemment à la goutte de peinture, qui coule sur la toile. Et en même temps, c'est un MOT. On a ici un mot, qui a la forme d'un mot, et qui est en même temps de la peinture, dont il dit la forme (et la couleur, avec 'rouge'), dont il est la forme :
une larme de peinture. Le poème se fait peinture...

L'activité créatrice se détache ici de tout matériau : on voit que la peinture ou les mots sont UN moyen de la création, mais que la création dépasse chacun d'eux, puisqu'elle peut s'exprimer indistinctement par l'un ou par l'autre. On touche alors à une question bien plus essentielle (et on pourra difficilement aller plus loin) :
pourquoi ? pourquoi l'art ? pour dire quoi ? quelle utilité ?

Le besoin de se sentir exister, d'exprimer sa sensibilité, de rendre visible à tous -et d'abord à soi- les vibrations de son âme... D'affirmer sa singularité, et d'atteindre une forme d'intemporalité... D'échapper à la mort ?

Amicalement,
............et admirativement devant ce très beau texte,

Artus >>




********************************************************************************
*


.....absolument incroyable!
je reste médusé et sans voix.

Vous avez réussi à me "scanner" de part en part, et à ressentir comme moi tout ce qui me touche et me transporte quand je navigue de mes élucubrations/peinture à une modeste écriture et vice versa, et surtout réussi à le décrire. Votre texte me touche au plus haut point, me donne une force terrible ce matin!
je suis ému et ne puis vous en dire plus pour l'instant...

merci pour ce beau matin
.......à bientôt

LeSlovène




*** Deirdre - Thu Jun 05, 2003 10:40 am


Le poème est superbe, et la métrique, quoique discrète, s'entend.
Tu chantes avec tes mots, Le slovène, autant qu'avec tes pinceaux.
Je barbouille à mes heures et je vois la toile que tu peints grâce aux mots, bravo.



*** ANTEROS - Thu Jun 05, 2003 8:07 pm

Artus, échapper à la mort c'est tenté de vivre. La poésie du slovène vit
grace à sa peinture et vice versa.
Je vois tout aussi,les mots, les taches de couleur, l'âme mais aussi la balafre.
Amitiès





*** LeSlovène - Fri Jun 06, 2003 7:44 pm

Le fait de se projeter dans l'écriture n'est pas facile, et dans la peinture non plus.
.........quoique !!

A vouloir peindre et reproduire quelque chose que l'on a devant soi, très souvent c'est frustrant parce que le résultat n'est pas du tout à la hauteur de ce que l'on attend. Pas de proportions, trop grossier, pas assez réaliste ou conforme, trop naïf, bref c'est pas le pied !
Le résultat ne te ressemble pas, du moins pas comme tu le voudrais.
.........Tes tripes ne sont pas dans le résultat.

Je ne connais pas Michel PIEL, mais s'il te semble agir par impulsion, de la même façon que celle que j'exprime, alors c'est qu'il y a une autre façon de peindre, et peindre ce n'est pas seulement reproduire ce qu'il y a devant soi, mais ce qu'il y a l'intérieur, caché tout au fond.

A ce moment là il faut se dire que la ressemblance physique et figée des choses on s'en fou. Ne compte que l'élan qui nous fait vibrer dans l'instant, la couleur que l'on a dans la tête à un moment précis.

Durant toute une nuit, pense à tes couleurs préférées, pense à la violence de tes sentiments, fait le sur plusieurs nuits ( ..... ou jours !! ), rêve de grandes éclaboussures colorées. ........Rêve de toi !

Prends un grand drap blanc , une toile blanche que tu achètes chez Toto, pas trop fine. Il faut que la toile soit grande pour que tes gestes puissent être amples, au minimum 0,80x1m. Mais il faut voir grand !
Agrafe cette toile sur un mur , une porte....

Blanchis cette toile avec un gros rouleau et une peinture acrylique, (à la flotte ) banale que tu achète chez Casto. Le fond bien blanc.

Ensuite des boîtes de 1kg de peinture à l'eau, basique, une bleue, une rouge, une jaune. ou autres qui te plaisent, .......et d'autres, .......et tu pourras aussi faire des mélanges, des gros pinceaux , différentes formes.

Tu te poses devant la toile, tu laisses tes sentiments t'envahir, et là tu te déchaînes, tu fais couler la peinture, tu éclabousses. et tu y vas . tu te projètes.......

Au début ça surprend.
..............Mais ça fait tellement de bien.


C'est jamais bon du premier coup!
Souvent on a tout envie de balancer, parce qu'on arrive pas à donner au geste ce que l'on a en soi.
Tu ne peux pas tout tirer de toi en quelques instants, quelques heures.

Faut pas avoir peur de recommencer, de bouffer de la toile.....et à un instant donné tu te verras en face de TOI.

Sur la toile ce sera "TOI", .....et en couleur.

Amitiés
LeSlovène







Image IPB


.

#2 Carla.

Carla.

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 2 000 messages

Posté 30 mai 2007 - 02:52

J'aime cette imbrication écriture/peinture, leur complémentarité. Ce texte en est une belle illustration.

#3 LeSlovène

LeSlovène

    Tlpsien ++

  • Membre
  • PipPipPip
  • 366 messages

Posté 30 mai 2007 - 03:17

J'aime cette imbrication écriture/peinture, leur complémentarité. Ce texte en est une belle illustration.

grand merci Carla pour ce petit mot sympa
er pour avoir pris le temps .................!!!




.

#4 LeSlovène

LeSlovène

    Tlpsien ++

  • Membre
  • PipPipPip
  • 366 messages

Posté 02 janvier 2009 - 08:30

.

...................... Image IPB
et peindre les couleurs
de cette année 2009 qui commence ..............


...................Avec mes Meilleurs Voeux en couleur .............................................................
.............................................................. Image IPB


.