Il n’y a d’exquis parait-il que dans l’attente
Alors qu’il neige ou bien qu’il vente !
Il sera toujours à la bonne heure,
Ma foi, pour recevoir la sentence de ton désir exhibé sur mon cœur !
Sous un torrent glacial,
Aveuglé de mille paillettes dorées,
J’ai la tête ailleurs, en ce matin d’été ;
Mais tu vas revenri bientôt comme une belle mariée sur son blanc cheval!
Mille et une senteurs florales
Quand se disperseront les pétales
Jusqu’au bas de la rivière,
Charrieront l’écorce et le bois vert,
Saouleront oiseaux et poissons,
Promeneurs et polissons.
Mais le démon ronge chaque nuit le ventre abstinent qui me démange depuis des mois
Et chaque jour que Dieu fait où j’ai un peu trop froid,
Sur la table près du lit, il dépose nappe et couverts,
Comme un invité de marque avec comme seuls présents, la rage et la misère.
C’est au dessus des cimetières où pointent les ténèbres,
Que j’observe, effrayé, ses horribles danses funèbres,
Depuis l’antre des collines jusqu’au pied des chaumières
D’où il débarque sans prévenir avec corbeaux et vermines…
Je n’ai encore de raison que dans le fait de t’aimer de si belle manière,
L’amour comme un kaléidoscope cinglant de lumière,
Aveuglant pour les yeux, éblouissant pour le cœur.
Charivari insoutenable dans ma tête qui éclate comme pétrifié de peur
Quand, sans cesse, je te revois partir quand sonnent en vain cloches et sirènes,
Voyant alors la montagne se fendre et cracher son manteau de cendres et de poussières ;
Mais bientôt , ô mon aimée, j’entendrai sur les blés blonds flotter ta longue traîne
Et rire et chanter , comme un souffle chaud dans les airs…
