Il y avait ce soleil étrange dont je ne me rappelle ni la forme ni la couleur,
Plânant comme un vautour dans la brume et près à fondre sur nous,
[ - angoissante lueur-,
Il y avait aussi ce ruisseau qu’on entendait balader tranquillement depuis son lit
Comme une musique lointaine, tendre murmure à l’oreille comme une invitation à [l’exode des érudits,
Il y avait à la commissure de mes lèvres une mèche de cheveu très noire gorgée de [sueur ;
Une larme ronde dévalait ma joue comme une cicatrice brûlante,
Le sol dégorgeait par-dessus nos chairs moites comme on dévale une pente ;
Ma main tremblante pétrit la terre comme on arrache l’écorce , comme on écrase [ses peurs.
Emplis de boue , la glaise comme d’un outil, j’ai bu de tes mots et de ta force.
La glaise, comme d’une limite dans l’espace, dans l’effondrement de nos corps ,
Deux corps sans âge dans une rizière toute verte,une petite entorse
A la règle ! Déchirés les vêtements, les ventres ouverts comme un vaste corridor,
Effondrées les carcans de fer et les peurs étouffées dans un cri !
Hissées les voiles d’un départ nouveau, d’un voyage sans limite de temps ;
J’ai cru mourir et me voilà sage, évidée , démunie, armée de ta vie.
Je t’ai dépossédé, tu m’as redonné l’élan d’ouvrir tous les chemins que je croise au [tournant
Et dans chaque rigole, dans chaque flaque d’eau, je retrouve ton flanc
Comme un brin d’herbe courbé, réceptacle de géant pour de si pieux baisers
Et une odeur de terre pétrie qu’on ne peut oubier,
Au détour d’un chemin, au croisement d’une vie, à l’embouchure des serments…