Les sabotages
#1
Posté 05 juin 2007 - 07:21
Saccager. Saccager d’amour. C’est moche. Voilà maintenant qu’on ne triche plus. Incitation au maquis. Avec circonstances aggravantes. Saccager « d’amour », c’est une circonstance « aggravante ». Oui, ma vieille. Tu as déposé, sautillante et guillerette, des petits coussins de fleurs blanches sous mes sanglots acides. Tout est foutu. Tout est détruit. Abusé, le songe. Pénétré, le songe. Incarné, le songe. C’est moche. Moi, j’aimais attendre que tes bras se balancent. Et maintenant, on ne triche plus ! Plus rien à balancer. Plus rien à attendre. Et le songe abusé. Détruit par l’œil.
Qu’on me rende mes plaies ! Qu’on me rende mon obscurité, ou tout est foutu. Ne m’aime plus. La guérison me dissout. Plus rien à balancer. Plus rien à attendre. Et moi, dissoute, saccagée. Oui, ma vieille, on ne triche plus maintenant. Sache devant qui tu te tiens : je sabote comme la faucheuse. Coupe, coupe, coupe.
Pour le songe. Pour l’inaccessible. Hourra !
#2 Invité_Haïgu Maya_*
Posté 05 juin 2007 - 09:50
mais y a t-il des règles à respecter
car il est bien entendu qu'il y a deux êtres là qui s'opposent
celui qui est imposé par la raison
et celui qui ne jure que par l'intuition
le fait de ne pas tricher n'implique pas forcément qu'on ne joue plus
tricher c'est peut-être le reproche que l'on nous fait quand on semble agir de déraison
quelle est la loi, en dehors de celle de la société où l'on vit, la loi qui régit notre manière d'être
le mieux apte à en juger c'est nous-mêmes
je n'en ai pas de doute
#3
Posté 05 juin 2007 - 11:09
l'écriture est un ring sur lequel il est bon de boxer
mais y a t-il des règles à respecter
car il est bien entendu qu'il y a deux êtres là qui s'opposent
celui qui est imposé par la raison
et celui qui ne jure que par l'intuition
le fait de ne pas tricher n'implique pas forcément qu'on ne joue plus
tricher c'est peut-être le reproche que l'on nous fait quand on semble agir de déraison
quelle est la loi, en dehors de celle de la société où l'on vit, la loi qui régit notre manière d'être
le mieux apte à en juger c'est nous-mêmes
je n'en ai pas de doute
Belle réaction !
Merci.
#4
Posté 06 juin 2007 - 09:04
Un sabotage, c'est toujours sévère.
Jaguar.
#5
Posté 06 juin 2007 - 09:30
Et certaines images comme "les petits coussins blancs sous mes sanglots acides"
ou "Qu'on me rende mes plaies! Qu'on me rende mon obscurité"
Une écriture très tonique!
Le titre me rappelle un bouquin de Nothomb "le sabotage amoureux"...
Finalement ça se joue en combien de rounds???
#6
Posté 06 juin 2007 - 10:10
^^
./.
Ah oui ?
#7
Posté 06 juin 2007 - 10:50
Maintenant qu’on ne triche plus, j’ai des envies de fiasco. Et au mystère de ton bras qui se balance, je porte un coup putride. T’as ripé, ma vieille. Maintenant qu’on ne triche plus, tu n’es qu’un songe foutu. Un jouet cassé. Guéri, mon ventre étripé. A cause de toi, je ne souffre plus. Perdues, mes sombres heures, perdues, mes contorsions de monstre. T’as ripé. A cause de toi, tout est foutu. Le songe et le jouet. Ne plus tricher, c’est moche. Pas chic de ta part, ma vieille.
Saccager. Saccager d’amour. C’est moche. Voilà maintenant qu’on ne triche plus. Incitation au maquis. Avec circonstances aggravantes. Saccager « d’amour », c’est une circonstance « aggravante ». Oui, ma vieille. Tu as déposé, sautillante et guillerette, des petits coussins de fleurs blanches sous mes sanglots acides. Tout est foutu. Tout est détruit. Abusé, le songe. Pénétré, le songe. Incarné, le songe. C’est moche. Moi, j’aimais attendre que tes bras se balancent. Et maintenant, on ne triche plus ! Plus rien à balancer. Plus rien à attendre. Et le songe abusé. Détruit par l’œil.
Qu’on me rende mes plaies ! Qu’on me rende mon obscurité, ou tout est foutu. Ne m’aime plus. La guérison me dissout. Plus rien à balancer. Plus rien à attendre. Et moi, dissoute, saccagée. Oui, ma vieille, on ne triche plus maintenant. Sache devant qui tu te tiens : je sabote comme la faucheuse. Coupe, coupe, coupe.
Pour le songe. Pour l’inaccessible. Hourra !
je prefère vivre en enfer que dormir au paradis
disait a une virgule près Barbara
enfin quelque chose comme ça
oui t'as mis le doigt dessus
bien sur la plaie qui tient en vie
jusqu'au bout
quand la plupart se "sparadisent"
attendent la mort gentiment normalisés
#8
Posté 06 juin 2007 - 01:24
J'aime ces répétitions qui enfoncent le clou euh...le coup!
Et certaines images comme "les petits coussins blancs sous mes sanglots acides"
ou "Qu'on me rende mes plaies! Qu'on me rende mon obscurité"
Une écriture très tonique!
Le titre me rappelle un bouquin de Nothomb "le sabotage amoureux"...
Finalement ça se joue en combien de rounds???
Un seul round. C'est toute la sévérité du propos.
Merci Merrick...
Jaguar.
#9
Posté 06 juin 2007 - 02:08
Belle réaction !
Merci.
j'espére qu'effectivement vous trichez un peu en écrivant celà et que derriére ces tourments et ce désespoir, c'est en fait le texte qui vous importe , sachez que vous le faites trés bien !c'est superbe..... le vrai poète n'est jamais quelqu'un de sincére car la forme prime ,presque toujours , sur le fond ......et malheur à celui qui ne le comprend pas !.... Mais à partir de quand devient on un vrai poète ?....Et comment le sait on ? Chez vous il me semble l'avoir senti, ou alors il y a encore au dessus une graduation que je ne perçois pas encore ! vivement que j'avance alors en poèsie......
#10
Posté 06 juin 2007 - 03:07
je prefère vivre en enfer que dormir au paradis
disait a une virgule près Barbara
enfin quelque chose comme ça
oui t'as mis le doigt dessus
bien sur la plaie qui tient en vie
jusqu'au bout
quand la plupart se "sparadisent"
attendent la mort gentiment normalisés
Coucou Alain !
Ca me fait guili guili de te voir sur ce texte là ...
Merci !
Jaguar.
#11
Posté 06 juin 2007 - 03:10
Oui pour le cri mais il y a quelque chose qui tient du procédé (ou de la mise en scène) qui me gène dans ton texte.
Quoi?
Sais pas et pourquoi cet hourra?
Parce que c'est un sabotage slave. Hourra !
Par contre, ton com sur le procédé (ou la mise en scène) m'atteint beaucoup parce que j'ai eu, je crois, la même sensation : ce qui m'a fait écrire le texte sous plusieurs formes et qui me laisse encore après, ce goût gênant. Peux-tu donc préciser un peu ?
Jaguar.
#12
Posté 06 juin 2007 - 03:15
j'espére qu'effectivement vous trichez un peu en écrivant celà et que derriére ces tourments et ce désespoir, c'est en fait le texte qui vous importe , sachez que vous le faites trés bien !c'est superbe..... le vrai poète n'est jamais quelqu'un de sincére car la forme prime ,presque toujours , sur le fond ......et malheur à celui qui ne le comprend pas !.... Mais à partir de quand devient on un vrai poète ?....Et comment le sait on ? Chez vous il me semble l'avoir senti, ou alors il y a encore au dessus une graduation que je ne perçois pas encore ! vivement que j'avance alors en poèsie......
Cher moietmoi,
Je ne puis me prononcer sur ce sujet. Moi, je me sens poètesse et ça me fait plaisir, ça n'a pas d'autre finalité. Les textes ont des finalités plus nobles, mais ma propre sensation vis-à -vis de la poésie... importe peu.
Vous espérez que je triche un peu... je dis alors Hourra pour l'espérance, Hourra pour le mystère.
Tellement merci.
Jaguar.
#13
Posté 07 juin 2007 - 10:16
Finalement, si je vais chercher papa Freud pour m'éclairer un peu, je me dis qu'on y règle peut-être un compte avec Jocaste?
Du coup, je ne trouve plus ton texte obscur, mais sombre... Hourra!
Les "petits coussins de fleurs blanches" continuent de m'intriguer, même si je leur entrevois un ou des sens possibles.
Je ne trouve pas que tu fasses dans le "procédé". C'est fort et bien équilibré, avec "ce qu'il faut" d'éclairage et de mystère.
#14
Posté 07 juin 2007 - 04:43
Noirceur n'étant pas péjoratif, hein . Au contraire.
Je voudrais dire plutôt quelque chose comme "nocturnité"... tu vois ???
Bisous
Artemisia
#15
Posté 07 juin 2007 - 07:16
Inaccessible, c'est ce que je me suis dit de ton texte dans un premier temps.
Finalement, si je vais chercher papa Freud pour m'éclairer un peu, je me dis qu'on y règle peut-être un compte avec Jocaste?
Du coup, je ne trouve plus ton texte obscur, mais sombre... Hourra!
Les "petits coussins de fleurs blanches" continuent de m'intriguer, même si je leur entrevois un ou des sens possibles.
Je ne trouve pas que tu fasses dans le "procédé". C'est fort et bien équilibré, avec "ce qu'il faut" d'éclairage et de mystère.
En te remerciant... bon, ceci dit, avec les lesbiennes, c'est toujours difficile de s'en référer à Freud. Il a déjà pas tout compris aux filles, alors des filles inversées, tu penses ! ;-)
Si tu cherches le sens de toutes les images, je suppose qu'il y en a des milliers. Ce qui est certains, c'est qu'il y'a a plusieurs personnages dans le texte, et que le titre est au pluriel. Voilou.
dans mon ressenti, les "petits coussins de fleurs blanches", j'aurais pu dire n'importe quoi d'autre, l'idée, c'est juste que parfois, les larmes, c'est fait pour se vautrer lamentablement sur le sol puant avec fracas... et que ça gâche un peu d'embellir le bazar avec de la compassion et de l'attention.
Bref. Je tartine encore.
Jaguar.
#16
Posté 07 juin 2007 - 07:17
c'est superbement romantique dans toute la noirceur du mot.
Noirceur n'étant pas péjoratif, hein . Au contraire.
Je voudrais dire plutôt quelque chose comme "nocturnité"... tu vois ???
Bisous
Artemisia
Je crois que sur le romantisme, on se comprends, Jolie Fleur. Grand merci.
Jaguar.