Colette
#1
Posté 20 juin 2007 - 10:06
Les âmes s’aiment, dans les prés hauts, graines de sésame.
Ces âmes cultivent, hors du village, quelques milliards de rhizomes qui s’allongent ou qu’on arrache. Quelques milliards de gouttes à la planète carrée. Pour la soif végétale. Parce que… parce qu’assoiffées, les graines affament les âmes. Quelques milliards.
D’un souffle, le village…
D’un souffle sa disparition. »
Elle vient d’écrire « disparition ».
Elle écrit toujours n’importe quoi dans ces cas-là . Elle vient d’écrire « disparition ». Elle détourne son regard du carnet en vieux cuir et va à la fenêtre. Dehors, des milliards d’enfants. Elle ne voulait pas leur dire « disparition ». Elle regrette. Mais elle est vieille. Et puis… depuis le début de ses souvenirs, elle pense qu’on ne peut pas écrire de mensonge. Parce que les fausses notes s’entendent. Pire… s’écoutent.
Sans soupirer, elle ferme la fenêtre, le carnet. Elle marche un instant dans la pièce. Elle essaye déjà de se rappeler l’ovulation du papier. Elle pense au carnet. Elle a écrit « disparition ».
Reposée, elle étouffe la bougie et s’endort.
#2 Invité_juliet._*
Posté 21 juin 2007 - 09:14
« Ce village que je cherche, déjà je l’habite. Nous sommes les habitants d’un souffle. Quelques milliards d’âmes à la planète carrée.
Les âmes s’aiment, dans les prés hauts, graines de sésame.
Ces âmes cultivent, hors du village, quelques milliards de rhizomes qui s’allongent ou qu’on arrache. Quelques milliards de gouttes à la planète carrée. Pour la soif végétale. Parce que… parce qu’assoiffées, les graines affament les âmes. Quelques milliards.
D’un souffle, le village…
D’un souffle sa disparition. »
Elle vient d’écrire « disparition ».
Elle écrit toujours n’importe quoi dans ces cas-là . Elle vient d’écrire « disparition ». Elle détourne son regard du carnet en vieux cuir et va à la fenêtre. Dehors, des milliards d’enfants. Elle ne voulait pas leur dire « disparition ». Elle regrette. Mais elle est vieille. Et puis… depuis le début de ses souvenirs, elle pense qu’on ne peut pas écrire de mensonge. Parce que les fausses notes s’entendent. Pire… s’écoutent.
Sans soupirer, elle ferme la fenêtre, le carnet. Elle marche un instant dans la pièce. Elle essaye déjà de se rappeler l’ovulation du papier. Elle pense au carnet. Elle a écrit « disparition ».
Reposée, elle étouffe la bougie et s’endort.
OhOh FĂ©lice!
Je suis restée connectée - bel univers, j'ai senti mon rythme (respiration) descendre jusque l'appaisement - pourtant 'disparition', pourtant...
PBS, c'est pour Product Breakdown Structure? ou?
Bonne journée,
#3
Posté 21 juin 2007 - 10:32
« Ce village que je cherche, déjà je l’habite. Nous sommes les habitants d’un souffle. Quelques milliards d’âmes à la planète carrée.
Les âmes s’aiment, dans les prés hauts, graines de sésame.
Ces âmes cultivent, hors du village, quelques milliards de rhizomes qui s’allongent ou qu’on arrache. Quelques milliards de gouttes à la planète carrée. Pour la soif végétale. Parce que… parce qu’assoiffées, les graines affament les âmes. Quelques milliards.
D’un souffle, le village…
D’un souffle sa disparition. »
Elle vient d’écrire « disparition ».
Elle écrit toujours n’importe quoi dans ces cas-là . Elle vient d’écrire « disparition ». Elle détourne son regard du carnet en vieux cuir et va à la fenêtre. Dehors, des milliards d’enfants. Elle ne voulait pas leur dire « disparition ». Elle regrette. Mais elle est vieille. Et puis… depuis le début de ses souvenirs, elle pense qu’on ne peut pas écrire de mensonge. Parce que les fausses notes s’entendent. Pire… s’écoutent.
Sans soupirer, elle ferme la fenêtre, le carnet. Elle marche un instant dans la pièce. Elle essaye déjà de se rappeler l’ovulation du papier. Elle pense au carnet. Elle a écrit « disparition ».
Reposée, elle étouffe la bougie et s’endort.
la feline Colette egarée dans les journaux de la milice?
ca sent le couvre feu,le "on ferme"
j'aime bien cette partie-lĂ
#4
Posté 21 juin 2007 - 05:01
Un tres beau texte !
J y vois une réflexion sur l inexorable destinée , sur la marche de l univers .
S agit il de Colette , l Ă©crivain ?
En tout cas , chere Felice , bravo pour la pertinence de ton style qui sait accrocher le lecteur !
Sandrine
Bonjour Sandrine,
Je suis contente que tu y trouves une réflexion... je pense que sans y faire trop attention moi-même, je l'ai intégrée au texte. Réflechir sur sa destinée, je crois que Colette a fait ça toute sa vie.
Merci de ton passage.
Jaguar.
#5
Posté 21 juin 2007 - 05:03
OhOh FĂ©lice!
Je suis restée connectée - bel univers, j'ai senti mon rythme (respiration) descendre jusque l'appaisement - pourtant 'disparition', pourtant...
PBS, c'est pour Product Breakdown Structure? ou?
Bonne journée,
Merci pour ce com, Juliet. Eh oui... y'a toujours ce bazar de "disparition"...
PBS... Poésie de Bac à Sable. Jaguar est certes fière, mais garde le sens de la mesure.
FĂ©lice.
#6
Posté 21 juin 2007 - 05:06
la feline Colette egarée dans les journaux de la milice?
ca sent le couvre feu,le "on ferme"
j'aime bien cette partie-lĂ
C'est toujours un plaisir de te recevoir ta visite, Alain. Evidemment, Colette devait être aussi féline que Félice était coquette. ;-)
FĂ©.
#7
Posté 21 juin 2007 - 05:18
C'est toujours un plaisir de te recevoir ta visite, Alain. Evidemment, Colette devait être aussi féline que Félice était coquette. ;-)
FĂ©.
Colette savait-elle?
j'ose esperer que non
qu'elle a seulement ecrit lĂ oĂą il fallait pas
par amitiés/affinités littéraires "françaises"...
#8
Posté 21 juin 2007 - 06:10
#9
Posté 21 juin 2007 - 08:22
Colette savait-elle?
j'ose esperer que non
qu'elle a seulement ecrit lĂ oĂą il fallait pas
par amitiés/affinités littéraires "françaises"...
Punaise, Colette... c'est tout un bazar... !
Je l'aime audacieuse et pas rampante mielleuse. Mais bon. Peut-être n'a-t-elle pas réussi à faire autrement.
FĂ©.
#10
Posté 21 juin 2007 - 08:25
Une fin, un épilogue, qui vont bien avec le livre. Très joliment écrit
Merci, Karcher. Je ne sais pas si tu parles d'un livre en particulier... (peut-ĂŞtre en diras-tu plus).
Je ne peux pas cacher que je ne suis pas du tout satisfaite de ce texte : la sensation est fort désagréable. Je le dis parce que je suis une piplette, mais en fait... ça ne regarde que moi.
Bref...
Merci de ton passage ici.
Jaguar.
#11
Posté 21 juin 2007 - 10:08
Le blé en herbe.
Pardon, mes évidences absurdes me donnent toujours l'impression de vivre sur une autre planète.
#12
Posté 21 juin 2007 - 10:23
Ton texte pourrait aisément venir à la suite des dernières pages du blé en herbe. Elles sont très belles ces dernières pages. Rien que le titre est un poème.
Le blé en herbe.
Pardon, mes évidences absurdes me donnent toujours l'impression de vivre sur une autre planète.
Aisément ? Comme tu y vas !
Merci de la précision. Ca indique des choses, ce que les gens ressentent en lisant.
Jaguar.
#13
Posté 22 juin 2007 - 10:57
Merci pour ce com, Juliet. Eh oui... y'a toujours ce bazar de "disparition"...
PBS... Poésie de Bac à Sable. Jaguar est certes fière, mais garde le sens de la mesure.
FĂ©lice.
Mais Poésie Belle Sûrement...
#14
Posté 22 juin 2007 - 03:34
Mais Poésie Belle Sûrement...
Oui, ch'uis cruche, hein... voire prosaïque. Je devrais pas, comme ça, préciser tout le temps. On y met ce qu'on veut, dans le PBS.
;-) merci lio...
Jaguar.
#15
Posté 23 juin 2007 - 09:37
Je suis trop époustouflée pour dire grand chose.
Juste , comme d'hab, que ce texte pourrait être le sujet d'une longue réflexion tant il est dense.
Oui, dense.
Disparition.
Oui hélà s, on ne fait tous que passer... et on a bien du mal à s'y faire.
L'ovulation du papier: ouah. Chouette, ça. Le papier serait une mère, que l'écriture féconde. C'est même hyperchouette comme idée.
Artemisia
#16
Posté 23 juin 2007 - 12:03
Bon lĂ je ne fais que passer.
;-) ... ben oui...
Merci, Jolie Fleur.
#17
Posté 27 juin 2007 - 09:24
Je ne peux pas cacher que je ne suis pas du tout satisfaite de ce texte : la sensation est fort désagréable.
bah pareil. en plus j'ai pas compris si tu parlais de l'écrivainne colette, avec laquelle j'ai du mal. enfin, pas qu'elle. je crois pas me souvenir d'un seul livre écrit par une femme que j'ai aimé. sauf en poésie, et encore ce fut rare. c'est très triste, je trouve.
#18
Posté 19 juillet 2007 - 02:52
bah pareil. en plus j'ai pas compris si tu parlais de l'écrivainne colette, avec laquelle j'ai du mal. enfin, pas qu'elle. je crois pas me souvenir d'un seul livre écrit par une femme que j'ai aimé. sauf en poésie, et encore ce fut rare. c'est très triste, je trouve.
Bon, lĂ y'a provoc un peu... Choupinet.
Mais finalement, je me suis fait la réflexion l'autre jour... qu'il est dur de trouver de bon recueils féminins. Quand à la littérature plus développée... j'ai tout une théorie concernant le peu de lignes de femmes.
Bah...