CHAUFFARDS
Combien de morts encor faudra-t-il sur la route
Pour que s'arrête enfin cet obscène carnage
Signé au nom d'une misérable déroute
De courbe exponentielle et manque de courage ?
Car chacun se targue, dès qu'il est au volant,
De se penser, plus que d'autres, fort et puissant
Et pour peu que la panse touche les manettes
Dans la griserie on débouche sur la fête.
Pour corser son affaire, l'aimable chauffard
A tout loisir de se doper en quelque part :
Ce sera par les cris ou quelque drogue douce
Qu'il jouera à ce jeu du "vas-y que j'te pousse !"
Notre bière locale a de forts concurrents
Car pour être smart et sans faire de détail,
De ce je ne sais quoi de plus impertinent,
A d'autres importées l'homme se ravitaille.
"Ecce homo" car il fonce, enfonce et défonce
Couronné de sa gloire et chantant sa victoire.
Aurait-il un drapeau ? Ce sera la semonce :
Que passe donc la mécanique ondulatoire !
Et le gros bras s'impose avec son armement :
Le levier de vitesse est l'arme du braquage,
On lâchera les gaz, toujours accélérant,
Asphyxiant alentour ceux pris à l'abordage.
Pourrais-je demander à nos braves gendarmes
Plutôt qu'ils se pointent, lunette sous un arbre,
De suivre les chauffards ? Moins de noms dans le marbre
Seraient ainsi gravés et versées moins de larmes.