Si pour être poète et être aimé de tous,
Il ne faut que des vers, qui masquent tout l’envers
Et qui de notre monde, en cachent les secousses,
Supprimant des saisons, la période d’hiver ;
Si pour être poète, il faut mettre à sa plume,
La claie du conformisme et l’encre bien-pensante
Et de ses réflexions, en baisser le volume,
Pour aller dans le sens des voix accommodantes ;
Si pour être poète, il est de très bon ton,
D’apostropher tous ceux qui supposent autrement
Et qui différemment, revêtent le chiton,
En ayant pour la mode un autre jugement ;
Si pour être poète, on doit brûler des livres
Qui parlent de sujets auxquels on adhère pas
Et que de leurs auteurs, les prenant pour des vouivres,
On doit les condamner au plus affreux trépas ;
Si pour être poète, on doit, d’intolérance,
Remettre au goût du jour tous les autodafés
Et coller à l’index, ceux dont la discordance,
Avec notre regard, nous parait un méfait.
Si pour être poète, il faut voir de la haine,
Dans les questions posées au futur de nos fils
Et ne pas voir demain et ses nuits incertaines,
En n’anticipant pas, des risques les prémices ;
Si pour être poète, c’est de cette candeur
Et de ce parti pris, qu’on doit toucher les nues,
Je choisis de jamais, vouloir être des leurs
Et préfère, et de loin, demeurer inconnu ;
Faut-il de parésie, borner la poésie ?
Moietmoi août 2014