Pendant un certain temps semblant l'éternité,
J'ai vu la rose dans son évolution lente.
Mes idées éparses devinrent opulentes
Quand mes sens bénirent cette continuité.
J'ai vu sortir le beau d'une proéminence,
Et aucun de nous deux ne savait humblement
L’objet qui se tramait irrémédiablement
Avant cet instant de grande prééminence,
J'ai vu grandir le beau, pétale après pétale
Dans la belle harmonie envieuse et enviable
Qui faisait des plus durs les plus doux serviables
Devant lesquels la peur cessait d'être fatale.
J'ai vu se transformer le beau et s'entrouvrir
Dans une draperie blanchâtre de luisance,
Loin de la jalousie et de la médisance
De ceux qui désiraient l’aider à s’évanouir.
Mais j'ai feint de saisir l’ultime mascarade
Où le beau entamait irréparablement
Sa morbidité en guettant horriblement
Le dénouement proche sans la moindre parade.
J'ai toujours, chez l'homme, perçu le sentiment,
Exactement comme l'histoire de la rose,
Et j'ai toujours aimé voir l’ultime sclérose
Défaillir sans crime et sans aucun châtiment.