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#1 serioscal

serioscal

    Serialismo Rigoroso

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  • Une phrase ::All series are not red. But some are. They burn-speak.

Posté 22 novembre 2014 - 10:02

Il semble que ce soit la zoologie qui soit à la base de cette notion de la série qui va, du XIXe au XXe siècle, traverser les différents champs des sciences ォ exactes  et ォ humaines , mais non sans heurts, discontinuités, altérations. La série draine du discours ; en sorte qu’on peut le qualifier d’élément critique, dans l’échange conceptuel qui s’est opéré (et qui poursuit de s’opérer), des sciences exactes aux sciences humaines. Il faut peut-être commencer par remaquer que les deux disciplines fondatrices des ォ sciences humaines , la sociologie et l’anthropologie, se sont fondées, avec Auguste Comte, puis Emile Durkheim et Levy-Bruhl, sur une pensée particulière, et comme ォ enflée  サ, de la série. La série désignant, si l’on en croit Levi-Bruhl, les diverses ォ espèces de faits sociauxs . Espèce, autre terme de la zoologie. Levi-Bruhl désigne donc les grands domaines de généralités auxquels a affaire sa discipline : faits religieux, politiques, économiques... L’ambiguité, c’est que la valeur mathématique du terme reste comme latente, dans cette perspective. Série, qui devient au XIXe siècle une notion classificatoire, garde un lien avec la notion de mathématique, mais ce lien est fluctuant. Lorsque Levi-Bruhl parle des ォ espèces sociales サ, il parle de généralités non quantifiées. Il ne semble pas même que Levy-Bruhl soit un ardent partisan de la classification. Tandis que la sociologie et l’anthroplogie, très vite, auront recours aux méthodes statistiques (c’est-à-dire, on le verra, sérielles).

 

L’ambiguité maintenue ici montre comme ce qu’on pourrait appeler un travail idéologique, au sens où Freud parle du travail du rêve : la série apparait en effet comme une lucarne sur l’expansion de l’idéologie scientifique au XXe siècle.

 

D’où le rôle-pivot de la notion de série (avec d’autres) dans le passage des sciences exactes aux sciences humaines. Ainsi Durand de Gros, dans ses Principes de taxinomie, affirme-t-il : ォ La série est la forme élémentaire de toute classification et peut, semble-t-il, se ramener toujours à une progression numérique, c’est-à-dire quantitative, étant donné qu’elle porte sur quelque chose qui va croîssant ou décroissant et dont, par conséquent, les variations sont mesurables. 1 Ce semble-t-il est moins la trace d’un constat que d’un désir. Ce désir, c’est celui de l’exactitude scientifique, qui a porté le positivisme, puis le structuralisme, comme d’un seul mouvement. On comprend aisément, dès lors, qu’un contexte sémantique incertain puisse créer des passerelles entre des valeurs quantifiables et d’autres, non quantidiables, pour un mot dont la valeur extensive, depuis la fin du XVIIIe siècle, est celle d’un ォ ensemble de choses analogues .

 

Quand Levi-Bruhl désigne du nom de ォ série  les faits religieux, il ne les a pas numérisés pour autant. Il ne les a en tout cas pas réduit à une série quantitative. Mais la notion même de série affiche le parti pris. Ce que tendrait à confirmer la fameuse ォ série des sciences  d’Auguste Comte, ォ dans laquelle la science supérieure est plus compliquée que la science immédiatement inférieure ; ce sont les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie, la sociologie.  La sociologie, aux yeux de Comte, a le même statut que les autres sciences : elle est simplement suprême par sa complexité ; et la série joue le rôle d’un élément de passage (ou de modulation, si l’on préfère une métaphore musicale précise) dans cette transposition de la méthode naturaliste sur le domaine humain. Il y a une utopie du progrès, chez Comte, que critique Durkheim : ォ Vues de loin, en effet, l’histoire prend assez bien cet aspect sériaire et simple. On n’aperçoit que des individus qui se succèdent les uns aux autres et marchent tous dans une même direction... Or, en procédant ainsi, non seulement on reste dans l’idéologie, mais on donne comme objet à la sociologie un concept qui n’a rien de proprement sociologique . La notion de série n’a pas pour autant abandonné le champ des sciences humaines Les enjeux ont changée, notamment avec l’histoire sérielle et l’histoire quantitative, favorisées par le développement de l’informatique.

1 Cité par..................................................................