LES RAIES
Je voudrais vous conter la scène pittoresque
Dont j'ai été témoin dans notre beau lagon :
Elle vaut, j'en suis sûr, toutes les autres fresques
Vantées par les griots de l'empire dogon.
Une raie était là , tapie dessus le sable
Lascive, inoffensive et l'esprit comme ailleurs,
Une autre plus petite et peu intimidable,
Survenue, se mit à fouiner son postérieur.
Ayant comme une idée, de par mon expérience,
Sur l'intention d'icelle et vis-Ã -vis de l'autre
Je pus subodorer qu'une belle alliance
Pouvait être conclue sans autre patenôtre.
Un bec de cane expert, s'érigeant en censeur,
Qui les avait suivies se mit alors en vrille
A fondre sur le dos, comme une vraie torpille,
De celle supposée femelle en son malheur.
Il fallait en effet préserver la morale,
Ecarter cette raie de cet horrible mâle…
De guerre lasse enfin, le couple se disjoint
La morale triomphe et d'accouplement point.
Mais nos deux raies encor papillonnent longtemps
Leurs ailes déployées en un ample gréement.
Le bec de cane, lui, surveillait de son Å“il
En victorieux repli, en bon Daniel Auteuil.