La guerre à mener dont l'objectif final serait de trouver sa vérité, ou la vérité des autres, ce n'est pas pour moi, je me le répète, pour m'en assurer.
Je ne suis qu'un déserteur littéraire, ou pire, un flâneur, qui aime à se tenir loin de la zone où le combat fait rage. Un pleutre, un manqué dans la lune.
Non content d'être un traître à ma vérité, je suis aussi un traître à la Littérature.
Mais l'acte de trahison ne sert-il pas le grand oeuvre de l'esprit tourné vers le bien littéraire, en lui indiquant le chemin à ne plus suivre, les taillis où ne pas s'égarer plus longtemps ? N'est-il pas seulement une étape que le littérateur motivé saura franchir sans trop de heurts, et à l'issue de laquelle l'homme se trouvera dépouillé de tout sauf de son aspiration essentielle : sa 'vérité' ?
Peut-être que l'esprit assoiffé de littérature devra, un jour ou l'autre, se tourner, et se faire déserteur, au moins quelques instants, afin de faire passer au fil de cette rupture sa 'vérité', purifiant ainsi son âme d'une purification salutaire....
Quoi ! Ne serais-je alors que l'un d'entre eux, l'un de ces lettrés, un pur lettré en voie d'accomplissement qui s'ignore ? J'aurais l'impression de vagabonder mais j'aurais passé depuis longtemps la frontière invisible qui sépare la littérature du balbutiement, le beau paysage mobile, du terrain vague ?
Pitié, rendez-moi le terrain vague...
J'y ai écrit des poèmes sans savoir ce que je faisais
Et je veux à nouveau ne pas savoir.