Le beau, et le joli
La poésie ne doit-elle que faire et dire que de jolis mots ?
Dans un monde de Bisounours, un univers qui soit toujours gentils
Non je pense qu’il faut respecter et aimer tout autant le tragique
Et se dire qu’il y a bien plus d’humanité réelle dans la tragédie
Savoir choisir Le mot qui soit juste, et qui soit placé à la juste place
Et ne pas affadir son verbe, pour faire encore un poème qui soit plus joli
Savoir aussi dire le pire, de cette horreur malsaine dans laquelle nous vivons
La laideur cela serait d’oublier, toutes les monstruosités du quotidien
Toujours il faut ces mots que nous utilisons, ils soient bien choisis
Choisir l’humain plutôt qu’une jolie idée qui est encore trop abstraite
Ce monde un peu crasseux, celui qui parle de notre société dégueulasse
Cet ordinaire où nous chions, nous pissons et nous baisons sans honte
Il faut savoir être un poète toujours vivant, et toujours disponible
Dans une vie de chaque jour entre l’ennui, et les désirs les plus forts
Le poète qui écrit, c’est celui-là qui vous parle et celui qui écrit ici
Il vous parle de toutes les choses de la vie et même les plus banales
De celles qui nous font de nous des vivants, dans cette Terre avec ses aléas
Choisir entre vouloir dire ce qui est vrai, ou ce qui est beau à imaginer
Je sais qu’il ne faut pas rêver, dans un monde qui soit purement esthétique
Écrire ! Parler de la vie ! Non pas créer une abstraction toute lyrique
Et ne pas faire des jolies poésies qui sont sans des vérités humaines
Car ce sont de mauvais choix, qui seront hélas toujours mal compris
Le choix d’oublier la vie, c’est une émasculation, au sens le plus trivial
Et un oubli de la réalité vivante, toute ordinaire et toute crasseuse
Oui je le redis ! Il faut que les mots soient justes ! Non pas faire de beaux mots !
Pouvoir écrire la vie avec ses tripes, ses rêves puissants, la vie banale
Entre le caca sale du quotidien ordinaire, et le diamant éternel de nos âmes
Être soi-même avec ses petits soucis, ou bien être cet autre que vous imaginez
Paris le 8 décembre 2016