Retiens un peu de temps sur nous, retiens l'espace empli du parfum de tes pierres brunes qui se cherchent, sans jamais me trouver. Retiens cet instant de grâce, volé à l'après-midi, à ces quatre murs à l'odeurs de neuf, encastrés dans des rues vert-de-gris, ce temps volé aux fenêtres aux mille nuances ouvertes à deux battants sur un monde auréolé de toi.
Retiens la vie qui coule de toi dans ce flot lumineux et limpide, paires d'ailes qui jamais ne s'ébrouent, battant l'air translucide.
Reste et prolonge ce moment infini, catalyse-le pour nous en un temps logarithmique, conjure la droite qui fuit, approprie-toi le segment, sacralise-le, et inscris-le dans les livres du vent.
Étire le temps à l'infini, jusqu'à l'imminence de ce trou noir qui le déforme et l'englobe, l'absorbe dans une éternité plus douce que mille morts.