Joyce Mansour 1928-1986
Née en Angleterre, elle a partagée sa vie depuis 1947 entre Paris et Le Caire. À propos de son premier recueil « cri » publié par Seghers en 1953, André Breton la nomme « la tubéreuse enfant » Il lui présente de nombreux poètes et, avec eux, elle participe aux activités des surréalistes.
Pour Jean-Louis Bédouin la poésie de Joyce Mansour est « Une puissance à l'image de l'antique terre-mère : c'est parce qu'elle engloutit la graine, qu'elle peut rendre le baiser d'une fleur ardente »
Bernard Lavilliers a mis en musique et interprété « saignée » dans son album État d’urgence. Mais il semble s’agir d’un plagiat puisque il s’attribue la paternité du texte. C’est d’ailleurs la thèse que soutien Michel Kemper dans son livre « Les vies liées de Bernard Lavilliers »
Esprits Nomades dans un article qui lui est consacré titre : L’ange blasphémateur de la nuit et du sexe.
En 1991 Actes Sud a publié ses œuvres complètes.
Une notice biographique lui est consacré dans la rubrique « Le territoire poétique »
La nuit je suis le vagabond dans le pays du cerveau
Étiré sur la lune en béton
Mon âme respire domptée par le vent
Et par la grande musique des demi-fous
Qui mâchent des pailles en métal lunaire
Et qui volent et qui volent et qui tombent sur ma tête
A corps perdu
Je danse la danse de la vacuité
Je danse sur la neige blanche de mégalomanie
Tandis que toi derrière ta fenêtre sucrée de rage
Tu souilles ton lit de rêves en m'attendant
Déchirures (1955)
Je veux partir
Je veux partir sans malle pour le ciel
Mon dégoût m’étouffe car ma langue est pure
Je veux partir loin des femmes aux mains grasses
Qui caressent mes seins nus
Et qui crachent leur urine
Dans ma soupe
Je veux partir sans bruit dans la nuit
Je vais hiberner dans les brumes de l’oubli
Coiffée par un rat
Giflée par le vent
Essayant de croire aux mensonges de mon amant.
Rapaces (1960)
Vois, je suis dégoûté des hommes.
Leurs prières, leurs toisons,
Leur foi, leurs façons,
J’en ai assez de leurs vertus surabondantes,
Court-vêtues
J’en ai assez de leurs carcasses.
Bénis-moi folle lumière qui éclaire les monts célestes
J’aspire à redevenir vide comme l’œil paisible
De l’insomnie.
J’aspire à redevenir astre.
Le surréalisme, même 2, (1957)
Je veux me montrer nue à tes yeux chantants.
Je veux que tu me voies criant de plaisir.
Que mes membres pliés sous un poids trop lourd
Te poussent à des actes impies.
Que les cheveux lisses de ma tête offerte
S'accrochent à tes ongles courbés de fureur.
Que tu te tiennes debout aveugle et croyant
Regardant de haut mon corps déplumé.
Cris