La « fête » ? Dans nos sociétés, ce mot se décline, se planifie : « Fête de la musique » ? Comme s'il ne pouvait pas y avoir urgence, n'importe quel jour, n'importe quelle nuit de l'année, d'écouter les Suites de Bach pour violoncelle seul, les Impromptus de Schubert, le Concert de Cologne de Keith Jarrett ! « Fête de la femme» ? Comme si un regard, un sourire, une voix de femme ne pouvait pas, à tout moment du jour et de la nuit, désamarrer notre cœur, notre vie, les mettre à l'envers ! « Printemps des poètes » ? Comme si le printemps était, davantage qu'une autre saison, la saison des poètes, alors qu'il n'y a pas un jour, pas une nuit, pas une heure, où tous ceux qui prétendent écrire ne se sentent pas dans l'ardente obligation d'essayer d'écrire, ou de lire un poète d'autrefois ! « Noël », « Nouvel An » ? Comme si cela pouvait changer profondément la petite musique qui est le fond sonore de nos vies, cette petite tristesse, ce reflet d'incendie, sur lesquels ne peuvent agir, hélas, ni l'agenda , ni le calendrier des pompiers !
Tout est dans le prisme de chaque instant : la vie, l'amour, la mort, la joie et le désespoir. Il n'est que des saisons de l'âme, nées de ces rencontres avec une âme où l'on croit avoir trouvé le reflet de ses songes. La véritable fête, la fête intérieure, jaillit n'importe où , n'importe quand, comme l'orage, comme le grand soleil : je n'ai jamais autant ri qu'après certain moment de grand désespoir. Lorsque deux êtres se rencontrent vraiment, pour une fête des sens, une fête de l'âme, ils n'ont besoin de rien d'autre que d'eux-mêmes . Les lumignons, les guirlandes, les fanfares, les feux d'artifice, les enseignes lumineuses, les publicités qui inondent les journaux, les écrans, les radios, signent notre dépendance aux objets. Dans un monde où, enfin, l'âme serait au centre de tout, la « fête » serait immatérielle, – ou ne serait pas.
25/12/16