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« Venger les mots »


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Posté 07 janvier 2017 - 11:13

Fidèle à sa conception d'une poésie d'action et de protestation, Serge Pey publie « Venger les mots » chez Bruno Doucey. Il y rend hommage aux héros de l'antifranquisme, à la résistance des indiens d'Amérique, aux Pussy Riot et à tous ceux qui font face à l'oppression.

Je l'ai entendu scander ces vers, tapant du pied pour souligner le rythme de ses longs poèmes de protestation, marteler des mots vengeurs dénonçant l'aliénation, la dictature, l'injustice faite aux êtres libres qui entendent le demeurer. Plus que jamais la poésie de Serge Pey capte l'énergie de l'oralité pour se faire acte d'insoumission. Parole vivante, qui se bat contre les enfermements de toutes sortes. Profération contre l'oubli aussi, en revivifiant la mémoire : « nous demandons aux morts d'exister contre les mots qui sont morts ». Autrement dit : « nous devons déterrer les poètes assassinés par le silence ».

Des Indiens aux Pussy Riot,

Quand il porte sur scène son « Adresse au président des USA pour la libération de Léonard Peltier⦠», il le fait en s'appuyant sur la langue des signes des indiens des plaines pour réclamer justice pour ce militant de L'american indian movement emprisonné depuis 1976. Le corps est aussi dans le texte qui nous rappelle que « l'administration de la vérité a une bouche qui ment ».

Suit une prière punk pour les Pussy Riot, groupe de punk rock féministe réprimé en Russie, notamment après leur exhibition-protestation dans une église orthodoxe qui a valu à trois d'entre elles d'être expédiées en camps de travail. « Aboyez / ne priez pas », s'insurge le poète dont le texte a fait l'objet de plusieurs spectacles de soutien.

Mais le fils d'immigré espagnol n'a pas oublié non plus la lutte antifranquiste dont Toulouse fut la base arrière. D'où ce « Gospel pour le réseau Sabaté » un hommage au militant anarchiste "Quico" Sabaté et à son groupe qui, depuis la frontière française, menèrent des actions armées à visage découvert contre le régime fasciste de Franco et qui fut tué par la Garde Civile en 1960.

C'est cette poésie de combat que veut donner à entendre l'éditeur Bruno Doucey en publiant ce recueil et en soulignant dans sa préface « d'un texte à l'autre, un même appel à l'insoumission. Une même conviction que la poésie est action. Un même désir de venger les mots et les morts, ceux qui "nous tiennent les jambes pour que nous restions debout". »

Allumons le feu avec la loupe de la langue, nous propose donc Serge avec « la multiplication des foyers de poésie ». Car, avance-t-il encore, « le feu est la condition / de notre poème / et le poème la condition du feu ».

Michel Baglin (janvier 2017)



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