Anarchitecture
A errer dans la zone commerciale
Un gros caddy en guise de prothèse
Un vrai sentiment de néant glacial
Aiguise ses canines et prend ses aises
Aucun animal ni arbre ni fleur
Ah mais quelle horreur ce lieu pue la mort
Béton bitume et tôle sans valeur
Attentent à la vie sans plus de remord
Odeur huileuse ozone de non-droit
Il n'est point de comparable atmosphère
Un air graisseux empuanti l'endroit
Comme un pet moisi au fond de l'enfer
Immenses masses imposées à la vue
La laideur est reine en périphérie
La grande surface est une verrue
Une humaine erreur en grande série
Boutiques impersonnelles hangars à fric
Chaque chaîne érige et vend son standard
Partout les mêmes enseignes à coups de triques
Exhibent leurs moches et fiers étendards
Défendue par une horde d'affiches
Une armée de commerces agresse et bataille
Un hymne un slogan dans les cœurs se fichent
Et la volonté est blessée d'entailles
Allusion perpétuelle au pur bonheur
Communication comme unique action
L'illusion matérielle est beau leurre
Un traquenard de voleurs en faction
Ânes en peine ou bien plutôt âmes en panne
Un flot d'humains se rue dans les rayons
Chaque jour des gens très bien se trépanent
A la merci du moindre échantillon
Une flopée de mornes lampadaires
Accentue ce non-sens territorial
Dés lors comment n'être pas lapidaire
Et à la limite inquisitorial
Un espace en voie de disparition
Les centres commerciaux uniformisent
Après tout ils n'ont d'autres ambition
Que d'empocher au plus vite la mise
Un paysage rayé de ratures
Inesthétisme accentué à l'extrême
Édification d'anarchitectures
En mauvais goût nous n'avons que la crème...
François Ville
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2 réponses à ce sujet
#1
Posté 15 février 2017 - 10:03
- M. de Saint-Michel aime ceci
#3
Posté 16 février 2017 - 09:38
M. de Saint-Michel, c'est d'autant plus dommage que fut un temps les patrons avaient un sens du beau pour leurs commerces et usines. Pourtant ils étaient attirés par le fric aussi.
- M. de Saint-Michel aime ceci