Vendredi 29 juin 2012 / 0280
Tant de beauté encore intacte … L’empreinte des hommes a été si légère avant notre ère industrielle …Épisode bien sombre malgré ce cadre bucolique … Je connais ce calme volcanique … Éruption.
Toi qui fricotes avec l’avenir sans même imaginer que c’est déjà l’avenir à l’instant où tu y penses, tout au plus un futur, et encore … tu cherches à le créer à ton image de salle gosse trop gâté par la vie.
Alors tu décides. Ici ce sera une autoroute, là une aire commerciale avec ses parkings, là encore un aéroport nickel chrome, pas un brin d’herbe à l’horizon. Tout est organisé pour que tes concitoyens accomplissent le destin que tes bureaux d’études –fleuron de ton empire – ont concocté pour eux.
Mais toi, grand seigneur, pour fuir la cohue ordinaire, tu te bétonnes une villa avec piscine paysagée, murs d’enceintes, caméras de surveillances, allée principale goudronnée, comme le chemin vicinal qui y conduit. Faudrait quand même pas salir les pneus de ton gros 4x4.
Pas de nègre à ta disposition mais la couleur de la peau ne te gêne pas trop pour avilir, pourvu que le service soit accompli avec la déférence de rigueur.
Un monde parfait qui te comble d’allégresse.
Un jour, tu as faim. Tu appelles. Personne ne vient. Furieux tu te décides à chercher les cuisines. Errant dans ton immense palais, tu les trouves enfin. Tu ouvres la porte du frigidaire pour ton petit en-cas. Mais rien, nada, vide. Et dehors …
Plus de terres cultivables, plus de paysans, plus de jardins potagers, de vergers, d’oiseaux …
Tu comprends enfin pourquoi tu croisais parfois le cadavre de l’un de tes serviteurs mort dans un couloir, pourquoi aujourd’hui personne n’a répondu à ton appel. Tous morts, bien proprement, sans jamais vraiment déranger le bel agencement de tes salons. Sans jamais non plus, oser te dire cette vérité que, de toute façon, tu n’aurais pas entendue.
Alors, toi qui fricotes avec cet avenir encore possible, sache que demain, tu es déjà mort.