Samedi 18 août 2012 / 0325
Chaque chose, je la possède en de multiples exemplaires. La première fois, quand je la vois, mes yeux s’imprègnent de ses formes, de ses couleurs, de sa consistance, rarement de son utilité. Ensuite je la rêve, puis je l’écris, en faisant attention de ne pas la casser, en maintenant sa beauté intrinsèque en oubliant sa fonction pour lui donner toute sa place en tant que chose. Et puis je la relis, comme l’on ferait d’une poterie en la passant au four pour lui donner lustre et consistance.
Maintenant, gravée rien que pour moi, multipliée selon mon bon vouloir et pourtant toujours unique, insolente de beauté, Chose jusqu’au bout des ongles. Alors, pour la protéger, je la dépose dans mon musée privé.
Sur les étagères, toutes mes possessions, innombrables, invisibles de tous. Ma dernière trouvaille s’estompe peu à peu et je finis par l’oublier. Elle ressurgit parfois quand je me relis, vivante, intacte.
Ayant perdu son souvenir, je la vois à nouveau. Et c’est comme si je ne l’avais jamais vue. Alors je recommence la multiplication, je la découvre sous des facettes que j’avais ignorées et si son nom est resté le même, c’est comme si elle sortait à nouveau des mains de l’artisan qui l’a façonné.
