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(anthologie permanente) L-D Bessières, le métromane


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Posté 24 mars 2017 - 08:40


L-D Bessières et son chef dâÅuvre inconnu


Le recueil des « Instantanés, croquis et impression de voyage dâun métromane » est-il le chef dâÅuvre inconnu de la poésie française ? Lâouvrage, imprimé par Émile Colin à Lagny-sur-Marne, et publié à compte dâauteur, paraît en deux volumes en 1904. Il comprend six cent cinquante pages signé « L-D Bessières ». Pour lâheure, aucun éditeur nâa eu le courage, depuis sa publication, de faire revivre cette poésie.

Cette Åuvre poétique offre un panorama de quatre cent quatre-vingts communes, dâAbleiges à Ws, et Lucien-Dieudonné Bessières a écrit, sur chaque ville, un poème. Câest le livre dâun iconoclaste qui convoque géographie et histoire, à travers la poésie. Lâon peut penser naturellement au « Tour de la France par deux enfants » ouvrage scolaire d'Augustine Fouillée qui a rencontré un vif succès sous la Troisième République. Dans ce voyage fictif (?), Louis-Dieudonné Bessières parcourt la France jusquâà Potsdam. De Strasbourg aux Sables dâOlonne, de Perpignan à Dunkerque, il propose une vision poétique du monde.

Cet « instantané » de villes et de villages franciliens, et de province, câest comme une radiographie de la France, dâavant la Grande Guerre. Dans sa poésie, lâon voit la fin dâun monde ancien, presque médiéval, entre église et champ, et lâavènement du monde moderne, face à la révolution industrielle, la vapeur et le télégraphe.

Nicolas Grenier



DEAUVILLE

Passons la Touques, câest Deauville,
Câest le complément de Trouville.
Mieux percé, de grands boulevards,
Encore un séjour de fêtards.
Lointaine plage sans galets,
Toujours des villas, des chalets,
Un champ de courses, et la gare
Au débarqué de Saint-Lazare,
Et desservant les deux pays
Dâintérêt commun réunis.


LA BOURBOULE

Deux établissements dâeaux thermales fort beaux
Où lâon donne à choisir la boue ou bien les eaux.
Pittoresque pays, assis sur la Dordogne,
Qui vers Bordeaux sâen va, traversant la Gascogne ;
Des coteaux, belle vue au loin sur son parcours,
Su lâétroite vallée et sur ses alentours.


ORLY

Route de Villeneuve, en sortant de Choisy,
À droite, on aperçoit Orly
Là-haut, dans un agreste et coquet paysage.
Ce modeste et gentil village
Encore dans la Seine est très exactement
Aux confins du département.
La seule chose à voir, qui ne doit être omis,
Sera le chÅur de son église :
Câest de la Renaissance et du François premier
Avec son décor coutumier.
Le plein cintre, partout, les gargouilles de pierre,
Fins meneaux dans chaque verrière,
Pilastres décorés, haut et bas, de panneaux,
Et feuillages aux chapiteaux.
Mais, ce quâon voit ici, qui nâest pas ordinaire
Câest, près de lâéglise, un Calvaire
Sachant quâen ce pays, bourgeois et paysans
Sont presque tous des mécréants.


ROISSY

La route de Maubeuge éventre à son passage
Ce gros et important village
Qui, comme tant dâautres de ses semblables, est
Dépourvu dâintérêt.
La seule chose à voir, comme ailleurs, est lâéglise :
Que faut-il que je vous dise ?
Du seizième pourtant elle possède un chÅur,
Mais le surplus est sans valeur.


PUTEAUX

De Courbevoie à Suresnes,
On rencontre dans la plaine
Et sur le bord de la Seine,
Amarrant quelques bateaux
Au bas de jolis coteaux,
Cette ville de Puteaux.

Ni gracieuse, ni belle,
Elle se présente telle :
Câest la ville industrielle ;
On y travaille beaucoup,
On y fabrique de tout ;
Câest sale et vilain partout.

Ici, rien de ce que jâaime ;
Une église du seizième
Sans intérêt elle-même,
Contenant deux vieux vitraux
Que lâon estime fort beaux.
Et câest tout⦠laissons Puteaux.


CERGY

Trois kilomètres de Pontoise,
Un village très étendu
Sur la rive droite de lâOise,
Possédant un pont suspendu.

Ancienne église abbatiale
À trois nefs, un très haut clocher
Avec flèche en pierre centrale
Quâon voit de loin sans le chercher.
Quatre siècles dâhistoire se rencontrent
Dans les détails isolément,
Qui, par leur présence, démontrent
Le soin quâon eut du monument.
On retrouve encor lâexistence
De quelques traces du couvent,
Notamment de la Renaissance,
Le très beau portique en avant.

Au hameau de Jancy se montre
La Pierre-Fouret, un Peulvan,
Un monument que lâon rencontre
En ces environs peu souvent ;
Un mégalithe druidique
Ayant cinq mètres de hauteur,
Planté debout, dâaspect unique,
Sur une semblable largeur.

L.-D Bessières, Instantanés, croquis et impression de voyage dâun métromane, 1904.


Biographie :
De son vrai nom Lucien-Dieudonné Bessières, L-D Bessières est né en 1829 et mort à Paris en 1918. Architecte, il devient poète, dans ses vieux jours. Il publie trois recueils de poèmes, et surtout le recueil des « Instantanés », en 1904.

Bibliographie :
Mes trois sansonnets, 1906.
Ad hunc, ad hoc, 1905.
Les instantanés, croquis et impression de voyage dâun métromane, 1904.

 

 

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