Aller au contenu

Photo

Les masques


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 michelconrad

michelconrad

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 3 277 messages

Posté 25 mars 2017 - 08:17

C'est en Allemagne, après guerre. Les armées victorieuses russe, américaine, anglaise, française ont partagé le pays en quatre zones d'occupation. Dans la zone occupée par l'armée française, mon père, simple soldat français qui fut prisonnier de guerre pendant cinq ans, a été embauché par la « Croix-Rouge française », qui l'a nommé Directeur d'un « Foyer de la Croix-Rouge française », sorte de centre d'accueil où les soldats français peuvent trouver boisson et nourriture.

 

Un jour, un général français se présente, accompagné d'une suite d'officiers . Le général annonce à la cantonade : « où est le maître de céans ? ». Mon père se présente. Le général lui dit, dans le creux de l'oreille : « où qu'c'est qu'on pisse ici ? » Mon père : « par ici, mon général ».

 

Une autre fois, un soldat américain, parfaitement ivre, entreprend, pour se distraire, de briser toutes les bouteilles d'alcool alignées derrière le comptoir, en disant à mon père : « je paie ». Mon père l'attrape par le col et le jette dans la rue, non sans lui avoir administré un formidable coup de poing, en lui disant : « tu vas voir si tu paies ».

 

Au milieu de tout ce tumulte, que j'observais du haut de mes cinq ans, je me tenais, souvent, derrière le comptoir. Vient la période de carnaval. Un jour, la porte s'ouvre avec fracas , et, venant de la rue, un groupe d'enfants déguisés font, en criant, irruption dans la grande salle où se trouvent de nombreux soldats français, dans l'espoir de récolter de l'argent ou des bonbons.

 

Ces enfants déguisés portent des masques de sorcières très particuliers, spécifiques à cette région de « Rhénanie-Palatinat »  : je me mets à hurler de terreur, en faisant rire tout le monde. Cet épisode de terreur m'a valu d'effacer tous mes autres souvenirs, depuis ma naissance jusqu'à mes dix ans, époque à laquelle, je vins habiter dans la « douce France ».

 

 

25/3/17