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Il y a comme un secret ...

danse des jours et des mots 0334

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2 réponses à ce sujet

#1 Invité_Marcel Faure_*

Invité_Marcel Faure_*
  • Invité

Posté 28 mars 2017 - 05:27

Mardi 28 août 2012 / 0334

 

          Il y a comme un secret dans tout le vert de la nature. Chaque plante propose sa nuance et tire un partit différent de toute cette énergie chlorophyllienne. Une sorte de grand concert baroque où les grandes orgues des forêts de résineux sombres résonnent de toutes leurs basses.

          Sous l'immense nef bleue, baignée de soleil, à laquelle fait écho un champ de molinies, le spectateur peut observer les mille variations que la brise révèle. Du citron vert à la Reine-claude qui hésite et lutine avec le jaune, la couleur d'une partie des fruits respecte l'homogénéité du premier mouvement, alors que, les instruments surréalistes des fleurs proposent un reggae des îles qui, malgré son côté éphémère et à contre courant, s'harmonise parfaitement avec le vert au sommet de son art.

          La gigantesque sarabande prend son essor sans fausses notes, chaque élément possédant sur le bout des doigts son solfège et ses accords et plaque sans faiblir sur mes rêves sa grandiose partition émeraude. Quels instrumentistes merveilleux, tous capables de remplacer au pied levé un premier violon tôt fané empoté par l'ivresse de son jeu. Des plus légers pizzicati aux plus sonores des arpèges la verve verte encanaille le printemps, sublime l'été où il révèle de secrètes alcôves fraîches, avant d'étirer langoureusement l'automne vers sa folie blonde et rousse.

          Chacun travaillant à son rythme, dans le même temps, de brefs claquements de doigts se font entendre, car la symphonie visuelle est aussi délicatement sonore. Le fruit mûr, attentif à l'avenir, éclate, explose, éjecte, dépose, expose ou voyage. Dès aujourd'hui il prépare le concert de l'an prochain comme celui des siècles à venir.

          Loin de s'essouffler, le final, par de profondes vagues, descend moderato vers les rouilles, les jaunes pailles, les ocres, les marrons, les beiges jusqu'à se retrouver marron, épuisé et dormant à même le sol dans une joyeuse pagaille fraternelle. Il s'agit maintenant de protéger les racines du gel et de l'hiver.

          C'est par le sol que les racines se concertent s'accordent, se synchronisent, pour que le spectateur, qui trouverait ailleurs choquant, cet amas, ce trop plein de vert en déconfiture, éprouve au contraire une sérénité satisfaite, un plaisir rare, au simple fait de la divagation de ses yeux dans le paysage.

          Une fois l'essentiel de l'orchestre au repos les puissants résineux tiendront la note grave jusqu'au printemps prochain.

 



#2 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 13 254 messages
  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 28 mars 2017 - 11:30

Un magnifique poème en prose sur "tout le vert" - sur tous les verts de la nature!

#3 Invité_Marcel Faure_*

Invité_Marcel Faure_*
  • Invité

Posté 29 mars 2017 - 06:57

Merci M de Saint Michel





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