Vendredi 31 août 2012 / 0337
De quoi parlent les fleurs sous la croupe rebondie du soleil. Je ne parle pas du langage que nous leur avons inventé pour satisfaire la carte du tendre et autre symbole prompt à satisfaire notre ego. Entre elles, dans l'intimité de leur toilette matinale, quand elles prennent la rosée ou la brume, leurs secrets d'alcôves, quelles douces confidences ?
Non, elles ne parlent pas de la dernière création de ce jardinier ivre de boutures et qui, un soir de biture, a baptisé sa dernière rose du nom d'un célèbre charcutier de la mode qui manie le ciseau à même les corps de ses modèles.
La nature les révèle, les sublime, les perpétue. Alors elles échangent sur l'avenir qui attend leur progéniture. Elles caquettent sur le vol que leurs graines prendront préférant un voyage dans les plumes de la première classe plutôt que dans l'odeur nauséabonde des soutes. Fiente alors !
Elles disent la fièvre qui les saisit lorsque, lèvres ouvertes, elles accueillent la trompe qui les titille. Elles se contractent d'un coup d'un seul, pour l'amant docile et repu qui se charge de jouer les cigognes pour elles.
- il était bien le tien ?
- Vigoureusement piquant
- Seulement goujat.
- Trop pressé.
- Affamé à souhait.
Et s'informent
- tu as bien reçu mon pollen ?
- Oui, oui, rassure-toi, je le dorlote.
Rassasié d'amour, le miracle multicolore s'endort sous la protection de la lune qui prend son premier quartier.