Une œuvre peut susciter des larmes d'admiration : ces larmes sont sacrées, car elles signent la présence d'un chef-d’œuvre.
Outre ce signe fort, qui vient de l'âme, à quels signes, accessibles à l'esprit, reconnaît-on un chef-d’œuvre ? A l'impérieuse nécessité selon laquelle chaque élément qui le compose se trouve à une juste place, sans pouvoir se trouver à nulle autre place, qu'il s'agisse des mots du poème, des accords d'une musique, des nuances d'une peinture, des formes d'une sculpture, de l'élancement d'une architecture, des mouvements d'une chorégraphie, des scènes d'un film...
Tout se passe comme si les milliers de morceaux d'un puzzle s'agençaient soudain, s'entrecroisaient comme les mains de deux amants, dans la plus grande ferveur de leur amour. Rien ne peut faire, alors, que cela n'ait pas eu lieu.
Il y a, aussi, maint chef d’œuvre où la main de l'homme n'a pas sa part : la beauté du règne minéral, du règne végétal, du règne animal, la beauté d'un paysage, d'un visage, d'un regard...
Naturelle ou issue de la main de l'homme, la beauté nous traverse : il n'est que temps d'apprendre à la percevoir , – et à lui rendre grâce.
30/3/17