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« Plein Ouest »


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Posté 17 avril 2017 - 08:38

Jacques Ibanès nous convie cette fois à un voyage immobile à travers son journal et ses poèmes de "gardien de phare"...

ibanes-ouest-200px-49357.jpg130 pages. 12 euros. Editions Langage-Tangage. www.langage-tangage.com

Chanteur, il a mis en musique et interprété de nombreux poètes. Poète lui-même, il a célébré les paysages et la femme aimée. Lecteur (il est, ne l'oublions pas, un critique apprécié pour Texture), il a consacré des livres à Apollinaire, Tolstoï ou Giono. Marcheur, son tour de France à pied l'a amené (entre autres contrées), lui « l'Ibère », à fouler longtemps le sentier des douaniers sur les côtes bretonnesâ¦
Le voici à nouveau dans les embruns, les granits et le sable des estrans, en « plein Ouest ». Mais cette fois, c'est en sédentaire, ou presque, qu'il goûte aux épousailles répétées de la mer et de la terre. C'est qu'en effet, à l'orée de l'été 2014, il a pu se prévaloir durant une quinzaine de jours du titre envié de « gardien de phare ». C'était à l'occasion d'une résidence d'auteur sur l'île de Wrar'h, dans l'aber du même nom, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Brest. Et c'est donc son journal de bord qu'il nous livre....

Une « île à mi temps »

L'île n'est pas grande (4 hectares), mais bien assez pour un solitaire qui y joue les Robinsons et l'explore sous toutes ses coutures. Seuls visiteurs, en dehors des mouettes, les promeneurs qui mettent à profit la marée basse pour y venir faire un tour et, bientôt, un brin de causette avec le capitaine du navire immobile⦠Car Wrac'h n'est qu'une « île à mi temps », à marée haute. De fait, toute la vie de l'auteur est réglée par le rythme du flot et du jusant dont les coefficients sont scrupuleusement relevés chaque jour.
De ce poste d'observation privilégié, notre auteur observe le mouvement des voiliers et surveille « le clin d'Åil complice des autres phares » qui, comme le sien, sont automatisés. Il nous dit son orgueil de se trouver « dans une imposante bâtisse qui, dès le nuit tombée, se mettait à l'unisson des étoiles ». Il s'immerge avec délice dans la contemplation du mariage des eaux, de l'immensité océane et des remous du vent. Le reste du temps, il écrit des poèmes, compose des chansons, lit Guillevic, se souvient de Perros, déguste un vieux whisky et chante dans une solitude peuplée de tous les chants silencieux du monde. « Je suis seul dans le royaume », écrit-il. Et l'on sent bien que c'est un privilège !

« Rumeurs de l'aber »

S'il apprécie cette retraite, il goûte aussi les visites, et il n'en manque pas. Un jour c'est Françoise, qui cultive un petit jardin sur l'île et débarque en kayak, un autre jour les enfants des écoles arrivent en groupe â en « guirlande » - pour découvrir le phare, puis c'est un océanographe qui vient pour des relevés et bien d'autres visiteurs marchant à sa rencontre. Sans oublier le petit épervier en équilibre sur le fil du vent devenu un compagnon quotidien. Lui-même se rend parfois à terre pour un récital, mais retrouve toujours son île pour la nuit, et sa maison de gardien de phare où d'autres résidents ont laissé des messages, des sculptures, des livres, des témoignages de leur passage et de séjours sans doute aussi émerveillés que celui de Jacques...
Pour compléter son journal, l'auteur le fait suivre d'une brassée de poèmes écrits sur place, « Rumeurs de l'aber » - célébration de la solitude et de la beauté sous la course des nuages « broutés par la meute des vents » - et de la reprise (augmentée) d'un précédent recueil, « Rivages », inspiré par la même région lors de son tour de France à pied. C'est donc à un voyage immobile et néanmoins plein d'ivresse, dans une « Bretagne intérieure », celle qu'il porte au cÅur, que nous convie l'auteur.

Michel Baglin

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