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Le triangle


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#1 michelconrad

michelconrad

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Posté 26 avril 2017 - 03:51

 

 

Dans le théâtre de Racine ( 1639 - 1699), la figure du triangle amoureux se répète à l’infini. Ainsi dans Bérénice (1670), Antiochus aime Bérénice, qui aime Titus, lequel aime le pouvoir qu’il exerce, et le préférera à son amour pour Bérénice. Le piège se referme, ainsi, sur chaque personnage : c’est un triangle sans issue, qui ne fait qu’ouvrir sur le malheur de chacun, si bien que chaque personnage de la tragédie peut s’adresser à lui-même la phrase de l’Enfer de Dante : « vous qui entrez ici, perdez toute espérance ».

 

Ces triangles raciniens ne sont pas que des figures de rhétorique : ils se répètent, hélas, à l’infini, dans la vie elle-même, et là, ce n’est plus le sang des êtres, qui n’ont d’existence que fictive, et dont les acteurs miment la douleur atroce, le suicide, qui est versé, mais ce sont des êtres de chair et de sang qui versent, réellement, le leur.

 

L’histoire littéraire, l’histoire des arts en témoignent. C’est ce qui brisa l’élan de Maïakovski , et qui le fit écrire : « la petite barque de l’amour s’est brisée contre les récifs de la vie courante », tout comme cela brisa l’élan de Nicolas de Staël, laissant de grandes œuvres inachevées. Pour l’un et l’autre , on se demandera, jusqu’à la fin des temps, quelles œuvres ils auraient accompli si cette « petite barque de l’amour » ne s’était pas, un jour, brisée.

 

 

 

26/4/17