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(Note de lecture) Fabienne Raphoz, "Blanche baleine", par Isabelle Baladine Howald


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Posté 28 avril 2017 - 09:46

 

Baleine des montagnes


6a00d8345238fe69e201b8d27cbe28970c-75wiJâaime la poésie plus que toute autre forme dâécriture et de pensée, et les recueils qui paraissent ces temps-ci me confortent encore dans cette immense attirance pour la chose fragmentaire, déliée et liée. Banche baleine de Fabienne Raphoz chez Héros-Limite donne tout particulièrement la certitude que la réflexion habite infiniment la poésie, on sent presque lâeffort et câest terriblement intense, effort frappé de coupures, dâéclairs de blanc... Lâéditrice des collections Biophilia (lire de toute urgence tous les volumes de cette collection jusquâau tout récent Sanglier de Dominique Rameau en passant par la troisième île de Fredrik Söjberg) et Merveilleux (meilleure édition des Contes de Grimm, soit dit passant) chez Corti poursuit parallèlement, discrètement mais sûrement et solidement, son travail de poète, toujours chez Héros-Limite. Dâune chute initiale dont on ne saura pas plus, sâinstaure la manière dâêtre au monde

Depuis longtemps hantée par la question animale, Fabienne Raphoz scrute ici la présence de la baleine blanche, en écho à celles que nous connaissons tous, de celle de Jonas à celle du capitaine Achab. Celle de ce livre se love dans la paroi calcaire des falaises, « une chambre lisse/ se sera creusée/dans la falaise/      à lâécart/Oh ! câest la baleine/    retournée/brèche-là », image saisissante. Cette baleine-là est une baleine de montagne, que lâon sent parcourue de longue vie, de longue expérience et de divers pays, avec son « regard sans adjectif » (comme câest juste... comment définir le regard dâune baleine, tellement tellement troublant, Åil dâéternité, Åil possible de dieu, Åil surtout sans âge, tellement vieux comme le monde).
« baleine a tenté terre et retour » et représente lââge du monde et le rêve est celui-ci : « Aaah   que/baleine   (me)/    pense », pensée retournée et attribuée. Baleine de la « mer de glace », évoquée dans un monde, un monde ami dâécrivains, de livres, qui Åuvrent dans son propre poème. Plus hauts que les alpages, cÅur de la pierre et envol des oiseaux, « jâai eu un peu/            envie de mourir/aujourdâhui ». Traversée du Yucatan, des États-Unis, de lâAfrique, le monde est plusieurs et éclot dans les poèmes.

Je ne sais si Fabienne Raphoz a mis dans son recueil ce que jâen dis. Câest ce que je lis. Je crois surtout quâelle a mis lâénigme comme énigme en clair, dans sa clarté énigmatique.
Câest là son effort, et lâétrange et forte beauté du livre qui finit toujours par revenir aux oiseaux, « le faon des grottes se retourne sur lâoiseau ».
Et trouver, toujours, le  « vers.... jâ/      uste ».


Isabelle Baladine Howald

Fabienne Raphoz, Blanche baleine, Héros-limite, 2017,  91 pages,  16 euros.

 

 

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