Chaque instant important, à nos yeux, dans nos vies minuscules, est un astre de cette galaxie intérieure qui ne s’éteindra qu’avec nous : la mémoire. Dans cette galaxie, il n’y a ni « chronologie », ni amont, ni aval : tout est équidistant, comme des planètes qui graviteraient autour d’un soleil.
Certaines heures qui, selon les « horloges », selon les « calendriers », se définiraient comme « lointaines », sont, paradoxalement, les plus proches, les plus radieuses : c’est au plus près de nous qu’elles poursuivent leur trajectoire incandescente. Dans cet univers mémoriel, un geste, un regard, l’intonation d’une voix, un rire, ont plus d’importance, plus d’éclat que les événements « historiques » qui ont bouleversé des pays, durant nos vies.
Ainsi, les événements les plus infimes de nos vies demeurent, demeureront, en nous, aussi longtemps que Dieu nous prêtera vie : ils sont le seul vrai paysage flamboyant de nos mémoires, auquel les mots de la poésie, et eux seuls, ont le pouvoir prométhéen de conférer ce qui n’appartiendra jamais aux hommes : l’éternité.
29/4/17