Sous la pluie, le jardin d’herbes aromatiques a fière allure. La sauge resplendit, le thym, planté il y a peu, reprend racine, la sarriette se remet des fortes gelées de cet hiver, l’estragon ressuscite. De petites limaces mordorées, cependant, font l’inventaire des plantes aromatiques dont les essences sont assez douces pour qu’elles puissent en faire leur repas : le romarin, par exemple, dans sa rudesse, est à l’abri de leurs succions. En revanche, l’une des deux espèces de menthes semble leur convenir : il faut que tout le monde vive !
Je sors du jardin , traverse la rue, ouvre la boîte aux lettres, qui est vide. Chaque fois que je découvre ma boîte aux lettres vide, je pense à un poème anglais, lu il y a bien longtemps, qui était construit sur une anaphore qui reprenait la première syllabe de son titre, « November » : « No letters, no birds... ». Mais je sais pourtant, par une sorte d’éternelle résilience, que dans le rien, dans le silence, dans le manque, germent, sans cesse, les graines d’un éternel printemps : cela aussi, c’est la leçon essentielle que nous enseignent les jardins.
11/5/17
