premier venu dans la saison,
ce petit fruit oblong, la nèfle du Japon,
pépite paille, collier d'ambre, soleil d'or,
trop impatiemment désiré,
promesse de douceur sucrée,
à la dimension exacte de la bouche,
éclate sous la dent, transperce le palais
d'un jus acide plus aigu qu'une flèche
l'impatient désir,
qui nous fait cueillir un fruit avant l'heure,
en nous fiant à son apparence trompeuse
l'impatient désir,
qui nous a chassés avec Adam et Eve
du paradis terrestre,
qui nous a entraînés, parfois,
malgré nous, dans des aventures risquées,
qui nous fait pourchasser sans fin
un orgasme fugitif, souvent décevant,
qui nous lance, jour après jour,
malgré les déceptions, les échecs,
dans l'interminable,
dans l'impossible
quête du bonheur
mais le désir, le simple désir, tout nu,
sans besoin de raisons ni de lendemains,
le pur désir,
ce désir, sans qui
nous ne serions rien