Mardi 20 novembre 2012 / 0417
Seau de gouttière.
En réaction à : Deux artistes contemporains en quête d'Ipaginauteurs, un article de Liliane Collignon sur le site Ipagination aujourd'hui disparu.
Réagir à votre article me fait tout d'abord revenir en mémoire ma première rencontre avec l'art contemporain. C'était à Sainté au vieux musée d'art et d'industrie. L'exposition s'intitulait " L'art c'est la pagaille ". Au fil des salles, des objets usuels étaient disposés à même le sol : un seau et un balai, un rouleau de grosse corde, un tas de gravats, une hache plantée dans un plot à côté d'un monceau de bois fendu, une cuisine en désordre, un tas de sable ..., chaque objet était affublé d'un nom pompeux et du nom de l'artiste. Un seul a vraiment retenu mon attention. C'était un seau posé au milieu de la salle sans aucune indication. Ce jour là il pleuvait et le vieux musée avait une gouttière qui s'épanchait dans ce seau et donnait un aspect dérisoire au reste de l'expo. J'avais rebaptisé cette exposition "L'art moderne c'est de la fumisterie". Depuis j'ai évolué mais j'ai toujours une petite réticence.
Liliane, vous posez pour moi une question essentielle : Comment remplir le vide et pourquoi ? Sommes-nous si vide à l'intérieur de nous que nous ayons sans cesse cette peur à conjurer ? L'instinct nous pousse-t-il à vouloir à tout prix, remplir ce "Carré blanc sur fond blanc" par lequel Malevich annonce la fin de la peinture ... et le début de l'écriture car la page blanche, le plus souvent rectangulaire, n'est-elle pas à la fois ce vide, cette pureté originelle, cette invitation, ce désir d'expression, de communication, d'échanges qui, lorsqu'elle sera remplie, prouvera que nous ne sommes pas si vides et si vains que cela. Et dès le premier mot que nous osons, la question de l'art ne se pose plus, nous écrivons.