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(Note de lecture), Werner Lambersy, "Hommage à Calder", par Jacques Morin


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Posté 24 mai 2017 - 09:20

 

6a00d8345238fe69e201bb099e88ed970d-75wiLes poèmes de Werner Lambersy tiennent de plus en plus à un fil, non que le poète vieillisse prématurément, non quâils se désunissent, mais comme le titre le poète, simplement parce quâils possèdent une structure verticale, filiforme, comme les célèbres mobiles de lâartiste. Et lâéquilibre tient. Ainsi cet éclairage dans le métro :

Lumière
dâélytres dans
le couloir 
en céramique
des yeuxâ¦

Chaque vers se contente dâun mot, (ou deux ou trois), leur longueur comme on dit en poésie se révélant plutôt une largeur, étroite en ce cas. La strophe pouvant équivaloir en réalité à une phrase ou deuxâ¦
Werner Lambersy parle de choses simples : sa fille, son fils, lâamour, lâécriture, le réveil, la ville, la fin, ou de choses plus abstraites aussi, lââme, dieu⦠mais toujours avec cet humour délicat, cette distance courtoise et bienveillante :

Je remercie  
le papillon
qui hier après-midi
a bien voulu
passer le quart
de sa vie avec moiâ¦


Il maîtrise parfaitement comparaisons et métaphores, le matin de la ville entraîne des images continues de naissance et de lever :

Le néon
vide son dentifrice
sur la chausséeâ¦


Sa fibre érotique reste toujours palpable, lorsque comparaison nâest pas raison :

Je tâai fait  
les seins
comme on fait
les vendangesâ¦

Werner Lambersy cueille des détails courants, indices du tout venant, et en tire des images éblouissantes. Il trie dans la boue sableuse les poussières aurifères et forge des brindilles dorées. Non content dâavoir ce pouvoir exorbitant, il écrit sans trêve ni repos. Ainsi câest le cinquième recueil chez Rhubarbe, ce qui en fait lâauteur le plus édité, et il publie de même beaucoup et partout.

Dehors
les réverbères
ont passé
les bas résille
de la pluie.

Mais au fond que faire dâautre quand on a de lâor dans les mains ? Quand on est, pantin onirique, suspendu au merveilleux ?

Jacques Morin


Werner Lambersy, Hommage à Calder, Rhubarbe, 2017, 84 pages, 8 â¬. Gravure dâElisabeth Gasquères, décédée en 2013, à qui est dédié ce volume.
Sur le site de lâéditeur

 

 

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