« De quoi souffrez-vous ? », me demande le médecin. J’hésite à répondre. D’une voix douce, il me suggère une réponse : « de mélancolie ? ». Me semble d’une grande beauté ce mot qui me renvoie à Apollinaire :
« L’anémone et l’ancolie
ont poussé dans le jardin
où dort la mélancolie
entre l’amour et le dédain. »…
Dans le prolongement d’Apollinaire, je songe à La Fontaine :
"J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien
Qui ne me soit souverain bien,
Jusqu'au sombre plaisir d'un cœur mélancolique",
à « tous ceux qui sont nés sous le signe Saturne... », selon l’expression de Verlaine.
Pendant cette réflexion silencieuse, le médecin, qui devine que ma « mélancolie » est due à une solitude sentimentale, entreprend de me chanter les louanges des « thés dansants », et autres sites de rencontres… Il me parle, longuement, de ses raisons, à lui, d’être heureux, de son plaisir de rencontrer toutes sortes de gens, me dit que, lui, ne supporterait pas une minute la solitude, m’encourage à l’épicurisme. C’est donc cela sa thérapie : le bonheur par l’exemple ?
Je sors de son cabinet dans une légère euphorie, teintée … de mélancolie.
7/6/17