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(Anthologie permanente) Lionel Ray, "les mots sont d'obscurs miroirs"


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Posté 21 juin 2017 - 09:15

 

6a00d8345238fe69e201bb09a78c38970d-50wiLionel Ray publie Souvenirs de la maison du temps, aux éditions Gallimard (en librairie le 6 juillet 2017) Extraits de « La neige du temps » :


                                                                                                Les mots sont dâobscurs miroirs


LA MÈCHE
La mémoire est l'instrument initial
En proie à quelque inusable passion
Aux travaux des lieux pleins de fraîcheur
Habités par un rêve inabouti.

Maison basse il y manque quelques tuiles
Il y reste des vêtements pâles et toutes sortes d'albums
Des portraits décomposés des miroirs
Que mange la rouille des eaux fuyantes.

J'y suis, j'y suis toujours Comme dans une île déserte
Après un naufrage On y entend quelquefois
De murmurantes sirènes dans l'impatience de l'aube
Des appels étouffés à demi un cÅur qui bat.

Brusquement       il arrive qu'on allume une lampe
On avait cru voir passer une ombre une ombre bleue
Et chère     et peut-être pourrait-on reconstruire
Un monde                   avec la petite musique
Dâune mèche de cheveux

/

IMPALPABLE
Impalpable comme
Un vol de martinets entre les toits
Comme l'éclat des voix
Ou le miracle d'une source
Impalpable comme l'accent du secret.

Et la chronique des Heures disparues
La scintillation des chansons anciennes
Impalpable comme l'horizon du temps
Dans la brume d'une enfance
Au carrefour des échos.

Impalpable comme ce rideau de pluie
Et le balbutiement des agonies
Comme le ciel qui tombe en ruine
Et l'étonnement des blanchisseuses
Et la poussière du souvenir.

Toutes les musiques sont douloureuses
Même la quête éperdue du silence.

/

LE POÈTE S'INTERROGE
Approche du lieu : ici
Le promeneur matinal écoute
Des échos d'époque      Ainsi
Un bloc de temps qui s'éloigne
Hors des traces et des routes.

Peut-être avions-nous vécu à contre-pente
Sans savoir ce que chaque pas signifie
Une fois passé novembre et décembre
Et la brume sur nous se referme
Engloutissant même la nuit.

C'est un lieu de jeunesse pâle avec
Ses portes ouvertes pourtant
Un tout petit vent se lève
Étouffé dans la paille du Temps
â Sa neige, ses clefs, ses rêves.

Qu'en reste-t-il entre les toits
Sinon la suie et la fumée,
Quelques paroles ici et là,
Quelques enrouements modulés
Les duos du soir le frisson des voix.

Lionel Ray, Souvenirs de la maison du temps, Gallimard, 2017, 100 p., 14â¬, pp. 69, 77 et 87.

Lionel Ray dans Poezibao :
Bio-bibliographie, hommage à Claude Esteban, extraits 1, Le Procès de la vieille dame (parution), extrait 2, ext. 3, in notes sur la poésie, ext. 4, ext.5

 

 

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