Je lis « БЕЛОЙ НОЧЬЮ », (« Par une nuit blanche ») poème écrit en 1911 par Anna Akhmatova, et je mesure à quel point un poème que l’on aime peut devenir un talisman pour son lecteur.
Je me précipite sur quelques traductions en français : aucune ne peut me convenir, tant elles sont en deçà de ce poème qui dit l’attente vaine, l’espoir déçu de façon inconsolable.
Car la poésie met en jeu, dans chaque langue, des rouages si subtils, si intimes, si secrets, qu’ils ne peuvent être, au bout du compte, que « lost in the translation », perdus dans la traduction :
« Ах, дверь не запирала я,
Не зажигала свеч,
Не знаешь, как, усталая,
Я не решалась лечь.
Смотреть, как гаснут полосы
В закатном мраке хвой,
Пьянея звуком голоса,
Похожего на твой.
И знать, что всё потеряно,
Что жизнь - проклятый ад!
О, я была уверена,
Что ты придёшь назад. »
*
* *
“Pendant une nuit blanche”
« Ah, je n’ai pas fermé la porte
Je n’ai pas allumé de bougie.
Tu ne le sais pas. Fatiguée,
Je n’arrive pas à me coucher.
Voir comment disparaissent les lueurs
Du couchant dans l’ombre des pins,
M’enivrer du son d’une voix
Qui ressemble à la tienne.
Savoir que tout est perdu,
Que la vie est un enfer.
Oh ! j’étais persuadée
Que tu reviendrais. »
26/6/17