Ciel bleu gris, soleil froid
Flots jade, festons blafards
Longues plages peignées de vent
Dunes aux herbes affalées
Sous les rafales désordonnées
Les grains de sable cinglent ma peau
Piquent les yeux, emmêlent mes cheveux
Mon cœur se serre
Je les vois
S’élançant dans l’écume
Dans l’inconnu,
D’une aube vague
C’est affolant
Tous ces jeunes gars
Je les vois là
Entre peur et sens du devoir
Ils ont couru
Les balles sifflaient
Certains se couchent
Fauchés dans leur vaillance
La mort partait des meurtrières des blockhaus,
Des barbelés hérissent encore les trouées des dunes
L’absurdité
L’impérialisme
La cruauté
La bêtise humaine
Heures terribles
Reste la douleur,
L’amour frappé
De ceux qui les attendaient,
Le souvenir de leur bravoure,
Des stèles, des colonnes, des listes de noms
La Liberté, oui,
Mais tant de larmes sur ces plages…
Et ce soir sur la grève nue,
Un tracteur ramasse des algues…
Les bunkers sont tagués,
Des silhouettes s’attardent…