Un soir que j'étais là devant mon génépi
Au comptoir d'un bistrot pourtant infréquentable
Au milieu de poivrots aux portraits décrêpis
Qui ne m'attendaient pas pour rouler sous la table
Un soir que j'étais là à compter les saisons
A oublier les mots qu'on m'avait dit la veille
Comme ils étaient si forts, bien moins que de raison,
J'ai attendu la nuit pour qu'elle me conseille
Un soir que j'étais là sans réelle raison
Mais il faut l'avouer je n'en cherchais aucune
Je ne cherchais alors qu'une simple maison
Pour avaler d'un trait mes milliers de rancunes
Un soir que j'étais là devant mon génépi
T'es apparue soudain dans cette robe blanche
Tu ne m'as pas laissé une heure de répit
Que sonnaient en mon cœur les sept coups du dimanche
Aujourd'hui que je suis là assis devant toi
A siroter les jours comme on sirote un verre
Je regarde à côté cet ivrogne qui boit
Et je prie qu'un beau jour une fée le libère