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(Anthologie permanente) Kofi Awoonor, par Jean-René Lassalle


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Posté 16 août 2017 - 08:30

 

6a00d8345238fe69e201bb09b96b9c970d-50wiLâendroit

        Parfois tu te rappelles
que lâendroit donne sur la mer,
De temps en temps tu vois un goëland
        sâélever
        vif vers le soleil étincelant
        dans des couleurs éblouissantes jouant
avec les éclats du midi.
Toujours si vif, si bref
La nuit tu te remémores toute la vision
tandis que la porte est verrouillée.

Extrait de : Kofi Awoonor : cycle des poèmes de prison, The House by the Sea, 1978. Traduit de lâanglais (Ghana) par Jean-René Lassalle.


The place

        You remember sometimes
that the place is by the sea,
And once in a while you see a gull
        rise
        swift against the blazing sun
        in dazzling colors playing
in the shards of a noonday.
Itâs always so swift, so brief
At night you recall it all
while the door is locked.


Extrait de : Kofi Awoonor : cycle des poèmes de prison, The House by the Sea, 1978.

/

Graines et larmes

La roche de la rivière depuis longtemps
sâest résignée au froid ;
où sont allés les crocodiles femelles
quand les flammes ont frappé le village ?
Où sont-ils allés
quand le feu a réduit les logis à des moignons de murs ?

Un grain grandi dans des champs de larmes
pour des orphelins inassouvis
suppliés de se laver les mains,
est un repas de vie

Pars et dis-leur que jâai payé le prix
Je me suis accroché à la vérité
Jâai combattu la colère et la haine
au service du peuple.
Jâai mangé leur maigre pain dans les casernes
partagé leurs pas et leurs larmes
au nom de la liberté
Un jour dans une maison dâesclaves à Usher jâai promis
de reporter ma mort
jusquâau matin dâaprès la liberté.
Je le promets.

Extrait de : Kofi Awoonor : Until the Morning After, 1987. Traduit de lâanglais (Ghana) par Jean-René Lassalle.


Grains and tears

The river rock has long resigned
itself to cold;
where did the female crocodiles go
when fire hit the village?
Where did they go
when fire reduced the houses to stump walls?

A grain grown in tears fields
for orphans not satisfied
implored to wash their hands,
is meal of life

Go and tell them I paid the price
I stood by the truth
I fought anger and hatred
on behalf of the people.
I ate their meager meals in the barracks
shared their footsteps and tears
in freedom's name
I promised once in a slave house at Usher
to postpone dying until
the morning after freedom.
I promise.


Extrait de : Kofi Awoonor : Until the Morning After, 1987.

/

Dont la chair hérita

Des éclairs de lumière aurorale
        rayon
        étoile
En agonies de joie, comblées, reniées.
Quoi quâil y ait, existent le rite et la cérémonie
Les fonctions non accomplies.
Et chair faiblit face à lâagonie de la mort
Les larmes deviennent eau infusée dâherbes amères.
Elles nous accompagnent
        Mais nos pensées sâenvolent cherchant des lieux
                jamais présents.
Par delà le crépuscule
La couleur en myriade et la splendeur de lâarc-en-ciel
Confirment notre immortalité.
Sâeffrite lâétreinte des enveloppes charnelles
tandis quâune résurrection nous est dévolue
Vaste au pied de la croix sur le calvaire
Et nous prions pour nous à lâheure de notre naissance.


Extrait de : Kofi Awoonor : Rediscovery, 1964. Traduit de lâanglais (Ghana) par Jean-René Lassalle.


That flesh is heir to

Flashes of dawn light
        beam
        star
In agonies of joy, fulfilled, denied.
Whatever is, is the rite and ceremony
The functions unperformed.
Flesh weakens before the agony of death
And tears become the brewing water of bitter herbs.
These are with us
        Yet our thoughts soar searching for lands that are
                never there.
Beyond the twilight
The myriad color and the dazzle of the rainbow
Confirm our immortality.
The mortal coils of flesh peel off
and resurrection awaits us
Large at the foot of the cross on Calvary
While we pray for us at the hour of our birth.


Extrait de : Kofi Awoonor : Rediscovery, 1964.

Choix et traductions inédites de Jean-René Lassalle.

Biobibliographie de Kofi Awoonor

 

 

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