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Les livres


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#1 michelconrad

michelconrad

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Posté 03 septembre 2017 - 03:36

Le classement des livres, dans une bibliothèque familiale, n’est pas indifférent : il me semble que choisir de classer les auteurs par siècles, de faire se côtoyer ceux qui furent contemporains les uns des autres (et qui ont pu se connaître, se rencontrer) induit quelque chose de bien différent qu’un classement général alphabétique, par noms d’auteurs, où se côtoieraient des auteurs de siècles et de pays bien différents.

 

Je ne sais plus dans quel récit du genre fantastique j’ai lu que le narrateur, ayant placé l’un contre l’autre deux ouvrages écrits par deux auteurs d’un siècle lointain, qui s’étaient côtoyés et haïs, autrefois, avait cru entendre le cliquetis d’un duel à l’épée, émanant de la pièce où étaient rangés ses livres.

 

Il y a aussi les éditions anciennes, originales, sur lesquelles on peut rêver que l’auteur a pu les avoir en main : j’ai une édition de ce type, où l’auteur (qui eut son heure de gloire) dédicace son ouvrage à la plume sergent-major. L’encre est délavée, au point qu’on devine difficilement quelle pouvait être sa couleur d’origine ; le jour où ces lignes furent tracées apparaît en toutes lettres : « 29 mars 1909 ».

 

J’ai une Bible protestante, imprimée en 1865, dont les premières pages, non imprimées, retracent, de différentes écritures, à l’encre, où l’effort de calligraphie est touchant, la vie d’une famille protestante alsacienne. Mariage, naissances, décès : c’est ce qu’il reste de vies successives. Les personnes qui ne sont plus ont encore une sorte de présence, au travers de cet ouvrage.

 

Ouvrir un livre d’un grand auteur, c’est redonner voix à celui qui l’a écrit : on ne peut s’empêcher de se dire que beaucoup de ces écrivains pensaient à leurs lecteurs des siècles ultérieurs, sans, pour autant, le formuler de façon aussi poignante que Villon : « Frères humains qui après nous vivez... »

 

Écrire un livre, en hommage à quelqu’un que nous avons aimé, que nous aimons, c’est, aussi, donner voix à celui, à celle qui n’écrira jamais de livres, c’est lui assurer la fragile éternité de la littérature.

 

Si la plume peut rendre hommage, elle peut aussi dénoncer, combattre. Je viens d’entendre, à la radio, un écrivain dire que les livres lui avaient évité de sombrer dans l’obscurantisme , le fanatisme : c’est qu’ils ouvrent une porte irremplaçable vers la tolérance, la compréhension. vers l’écoute.

 

 

 

3 septembre 2017