( à la fin du texte, un lien vers une chanson et un clip qui m'ont remis en mémoire ce texte du grand jadis.)
Avant
juste avant
ma mort
ambiguïté sereine
maîtrise zen
labyrinthe d'absinthe
" Souviens-toi..."
dans le désert
la neige ressemble à l'ennui
les rictus des cactus
voudraient s'adoucir
sur nos antiques rengaines folks
mais leurs mots pourtant si tendres s'emmêlent
sur ces plaies disjointes
qui se rapprochent
se reserrent
se frôlent
enfin
enfin
eeeeeeeeeenfin
se heurtent
avant de se fuir à nouveau
"Souviens-toi..."
les certitudes s'échouent
en de spasmodiques plaintes
sur les ancestrales cernes
de nos désirs scolairement trahis
" Souviens-toi..."
pourtant
autrefois
en un jour lointain
épris de vent et de liberté
un cavalier s'essuya le front
avec un foulard lumineux
au bord d'un gué
en flattant sa monture
" Souviens-toi... souviens-toi..."
les phrases sont des paniques
surgissant
lâchement
cyniquement
trop tard
maintenant
là
au pied du Nouveau Mur
un doigt tranché
une jambe
trophée de chenille de char
là
au pied du Nouveau Mur
la rumeur des camions
l'agonie des évolutions
mille promesses de vies exceptionnelles éventrées
"Souviens-toi..."
malgré l'effarante violence des souffrances
je rêve encore de tatouer
au fond des égorgements de mon coeur
entre les tréteaux de sang
le regard déchu de cette enfant gémissant:
" Souviens-toi... souviens-toi...souviens-toi..."
jim