Aller au contenu

Photo

(Anthologie permanente) Michèle Finck, "Connaissance par les larmes"


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 20 septembre 2017 - 08:54

6a00d8345238fe69e201bb09c52eff970d-75wiMichèle Finck publie Connaissance par les larmes aux éditions Arfuyen.


 

 

A la patience

Mais nous boitons        de la langue
Langue maternelle :      la musique.
Langue paternelle :       le mutisme.

Notre miroir :        la poussière.

En rêve   nous cherchons   un tableau
Peint    à la salive    de phénix.

Nous nous ébrouons    de mémoire.

Nous nous immolons   par la patience
Car patience   est ce qui reste de feu.

Nous allons seuls   avec sur la langue le sel
Eternel   des larmes   de nos morts

*

ChÅur
(Bouche fermée)

Poésie :
Connaissance
Par
Les
Larmes

Y
Brûler
Vive

Anonyme
Universelle

*

A la consonance

Mer. Ciel.    Ici bleu est vérité.
Ici bleu   devrait réveiller    les morts


Ou remettre au monde    les anciens dieux.

Mais non : plus de dieux.

Seules quelques larmes
De lauriers rose et blanc

Qui consonnent avec lâécume.


Cela suffit.   Qui consonne    consent.

*

3.
Sentir que la mer, son appel lancinant, est le seul vrai terreau mélodique et rythmique.

Aimer que, chaque fois, elle nous ramène, soudain plus vivants, à l'origine des sons et des larmes.

Prendre le pouls de la mer, c'est prendre le pouls du cosmos et peut-être de la musique des sphères. Faire un retour au plus intense réservoir de sons sacrés du monde.

On le pressent le jour, quand le soleil fait la roue du paon sur la plage, parmi le marmonnement des vagues, et que l'archet des hauts mâts fait vibrer la ligne mate de l'horizon.

Mais on le sent encore plus à la tombée du soir, quand on est au bord de l'eau et des ténèbres de l'être, presque dans le noir, et que l'âme saute à cloche-pied dans le blanc de l'écume pour s'y laver. Alors on entend la sonorité de la mer en son tréfonds.

La mer est l'utopie de toute musique, de toute poésie. Même au sommet extatique d'elles-mêmes, elles n'atteignent jamais, quoi ? â Son flux et son reflux. Sa psalmodie. Sa scansion. Son silence qui tremble entre deux arpèges sourds de lâécume.

La mer pour extrême onction.

Seule la leçon de musique de la mer fait monter les larmes aux yeux des mots.

Michèle Finck, Connaissance par les larmes, Arfuyen, 2017, 208 p., 17â¬, pp. 14, 37, 51 et 68
68

Michèle Finck dans Poezibao :
bio-bibliographie, lâouïe éblouie, présentation, LâOuïe éblouie (par M. Stuckel), ext. 1, "Balbuciendo" par Florence Trocmé, ext. 2, [note de lecture] Michèle Finck, "La Troisième main", par Florence Trocmé, (musique et littérature) (note de lecture) Michèle Finck, La Troisième Main, par Patrick Née, Dossier en hommage à Yves Bonnefoy

 

 

l6E3akrAJYY

Voir l'article complet