Hier, des coups de feu, en provenance de l’orée de la forêt, ont retenti. Aujourd'hui, dans le brouillard du matin qui ensevelit le village, je rencontre J. : il me dit qu’il s’apprête à aller à la chasse. Je lui parle des coups de feu d’hier. Il me dit qu’il avait lâché, quatre heures avant que ne viennent « les directeurs », accompagnés de leurs chiens de chasse, des faisans et des perdrix, afin que ces mêmes chiens les retrouvent et permettent à leurs maîtres d’ouvrir le feu.
Au travers de ces mots, « les directeurs », je songe, soudain, à ce monde de privilèges dans lequel vécut le jeune Chateaubriand, à la façon dont il dut se prêter à la cérémonie de sa « présentation au roi », ce roi même qui, dans son journal intime, écrit le mot « Rien », pour consigner le résultat d’une partie de chasse, à la date du 14 juillet 1789, – sans se douter un seul instant que son monde bascule dans l’abîme.
24/9/17