À l'amicale
J'ai mal, si mal à mon passé
Mais je ne peux m'en séparer.
Que faut-il faire, dites-moi ?
Je sens qu'il m'isole, parfois.
Au dernier bilan de l'été,
J'ai cru, enfin, m'en séparer,
Prête, dans un autre décor,
À conquérir mon propre corps.
Quel drame... C'est le même lot
Que partagent tous nos égaux.
N'en faisons pas un monument
Aux croix de bois et de fer blanc.
Les heures, de l'éternité
Sont des masques mal ajustés ;
Rien ne sert de mettre dessus
Les ordures de vos rebuts.
Jamais l'amour et la raison
Ne vont dans la même maison
Faire la pluie et le beau temps
Sans bien se servir de leurs dents.
C'est connu : Même Adam le sut
Qui croyait avoir reconnu
Dans la vérité d'une pomme
La panacée pour tous les hommes.
Laissons cela, c'est si lointain.
Faisons des projets pour demain
C'est cela qui manque au récit :
Chaque début commence ici.
Affolement. Tout est perdu.
Je m'arrête, je n'en peux plus.
La chute, dans un cauchemar
Me jette un curieux regard.
C'est si facile de s'asseoir
Dans son trou pour broyer du noir.
Parfois on s'habitue vraiment
Cela seul est l'enfermement.
Hélas, va-t-elle enfin se taire un jour
Cette voix qui manque d'amour ?
Elle est si laide et me déteste.
Je ferais de même, du reste...
Porte-plume - 2016 - ©M.KISSINE – ISBN 9782919390311