Mardi 18 juin 2013 / 0622
Mon père dans sa guérite de garde-barrière. Les rails qui s'en vont deux par deux, bien sagement, parallèles. La fumée des locomotives à vapeur. Nous, on disait les machines à vapeur. De grands ferraillements qui passent et s'éloignent en soufflant. La crasse sur les maisons alentour. Les escarbilles dans les yeux. Les poteaux qui pointent le ciel. La mine tout près qui crache son charbon et ses mineurs pêle-mêle, noir sur noir. Le noir est aussi la couleur du travail. Et les rails qui s'enfuient vers le sud, un drôle de sud sans soleil, un tunnel qui avale tout : les rails, les trains, les marchandises, les voyageurs et les rêves.
Au-delà, l'école primaire de Tardy. Bombardée. Combien de morts ? Je ne sais plus. Beaucoup trop. C'était la guerre et je n'étais pas encore né.
Tout cela me revient à cause d'un tableau "House by the railroad" d' Edward Hopper mis en poème par Jean-Luc Shietecatte alias Bluewriter sur ipagination.