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(Note de lecture) Jacques Dupin, "Discorde", par Michaël Bishop


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Posté 18 décembre 2017 - 11:38

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<p class="blockquote MsoNormal" style="text-align: justify; line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...df6c8970b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Jacques Dupin discorde" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e201b7c93df6c8970b img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e201b7c93df6c8970b-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 0px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Jacques Dupin discorde" /></a>1948-2012 : <em>Discorde</em>, dans son édition établie par Jean Frémon, Nicolas Pesquès et Dominique Viart â peut-on, dâailleurs, espérer meilleure équipe? â, reprenant le titre du poème de 2011, nous restitue des quasi introuvables paraissant au fil des années tout en nous offrant ces précieux derniers écrits inédits confiés aux éditeurs par Francis Cohen qui se trouve à lâorigine de cette initiative proposée à Dupin in extremis.<br /> <br /> Rugueuse, rigoureuse, intense, passionnée, tendre par moments, ailleurs violente, férocement et ironiquement accueillante, la poésie de Jacques Dupin creuse implacablement, à la fois étrangement désirante et comme à contre-cÅur, lâincessante vague de perceptions et sensations qui déferle dans une conscience tumultueusement âtirailléeâ, âacharnéeâ (15), mais à jamais puissamment et richement concentrée. âMonte, dans cette voix pas-comme-les-autres, malgré affinités et amitiés de toutes sortes, un chant qui sâignoreâ (40), un chant âmâapport[ant] lâécho étouffé des remuements, des girations, des heurts, qui ébranlent les fondations sans déraciner les secrets des dessous de la vieâ (41). Voici une Åuvre, finement et emblématiquement révélée dans ces vingt-deux textes de <em>Discorde</em>, qui ne cède pas à la tentation dây inscrire des équations ontologiques ou même psychologiques définitives, fiables au-delà de la surgissante précarité de ce quâil appellera vers la fin de sa vie âune écriture mise à nuâ (214), ne visant rien de précis, fondée sur le sentiment dââêtre rien, qui exclut le resteâ (ibid.), mais âayant accepté / quâ[une telle écriture] sâunisse à moi, quâelle unisse / son corps à mon corpsâ (ibid.). Et ceci sans aucun nihilisme, sans même cette touche de dérision qui ailleurs peut se faire sentir, mais au contraire embrassant cette fragilité, cette profonde innommabilité que ne cesse, quelque part, malgré peut-être la vanité de nos protestations, de générer, de <em>murmurer </em>même, la parole humaine face à la vastitude de lâénigme de ce qui est, de ce que nous sommes et faisons. Car, au sein du non-dit quâincarne la poésie â avec même sa poétique de la discorde, de la dystopie, de la âdésorientation capitaleâ (179) â bouge infailliblement cette âinsoumissionâ (143) qui affiche, avec détermination et un petit rire des plus subtils (cf. 139), une conscience aiguë de la nécessité de âmâimprégner de lâétrangère / illisible â et jamais loinâ (139), ceci au cÅur même de âla parole étranglée // sans occulter sans appauvrir / le rai de lumière ici si basâ (152), sans jamais oublier la si simple, la si extraordinaire expérience de lâenfant de douze ans aux côtés de Fillette, âla joue contre sa mamelle / ma main humectée de lait / éprouvant la longueur du pis / lâélasticité des trayonsâ, Fillette âruminant le divin de lâairâ (181).<br /> <br /> Lire les poèmes de Jacques Dupin, câest sâimmerger dans la si tensionnelle paradoxalité dâun Un qui refuse toute articulation orgueilleuse, toute fierté qui aurait pu en découler, câest sâinstaller dans ce non-espace quâest la voix écrite où continue à surgir, aveuglée, aveuglante, ce quâil appelle, dans <em>La nuit se découvre</em>, âune houle, une lame // me raviss[a]nt, tend[a]nt / le droit fil / de lâêtre devant la mortâ (197). Nuit et révélation, sans distinction, fusionnées, site dâun être frôlant une absence, ce ârienâ qui restera fatalement synonyme de ce que Jung nommera âplérômeâ, ce sublime impossible, cette érotique se profilant à lâhorizon de ce qui est et que lâon traverse. <br /> <strong><br /> Michaël Bishop<br /> </strong><br /> Jacques Dupin. <em>Discorde</em>. Édition établie par Jean Frémon, Nicolas Pesquès et Dominique Viart, P.O.L, 2017, 240 p., 23 euros.</span></p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="text-align: justify; line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px;"> </p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/1mH_nvUNIsY" height="1" width="1" alt=""/>

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