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« Le Hussard sur le toit »


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Posté 06 janvier 2018 - 06:27

Un jeune carbonaro en exil, colonel de hussards plein de noblesse, traverse l'épidémie de cholera qui sévit en Provence et révèle les bassesses humaines. Il rencontre et accompagne un temps son alter ego féminin, Pauline de Théus. Sur les toits ou à cheval, il incarne la résistance à la veulerie.

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Publié en 1951, « Le Hussard sur le toit » est un roman du « Cycle du hussard » comprenant « Les Récits de la demi-brigade », « Angelo », « Mort d'un personnage », « Le Hussard sur le toit », « Le Bonheur fou ». Il met en scène un jeune aristocrate italien, Angelo Pardi, colonel de hussards, au moment où il s'exile en France après avoir tué un officier autrichien.
Mais alors qu'il a passé Banon et arrive à Manosque, il découvre des hameaux dont tout ou partie des habitants sont morts, les maisons ouvertes, des nuées de mouches et d'oiseaux s'en échappant. L'épidémie de choléra vient de s'abattre sur la Provence. Angelo est d'abord subjugué par un jeune médecin qui s'efforce de sauver au moins un de ces malheureux malades en les frottant avec de l'alcool. Lui-même essaiera de sauver ce « petit français » quand il sera atteint, par le même moyen, sans y parvenir, mais en faisant fi des risques de contagion.

Sur les toits

Les choses se compliquent à Manosque lorsque la population, manipulée, le prend pour un empoisonneur de fontaines et veut le lyncher. Il n'échappe à ses poursuivants qu'en se réfugiant sur les toits où il doit demeurer plusieurs jours, en compagnie d'un chat, et en contemplant de haut les ravages et les horreurs de l'épidémie et les charrois de cadavres. Visitant les maisons vides, il rencontre une femme qu'il n'effraie pas malgré son allure et son intrusion, Pauline de Théus.
En dépit du titre du roman, Angélo ne passe qu'un court moment sur les toits. Quand il en redescend, une vieille nonne l'embarque dans ce qu'elle croit être sa mission de laver tous les morts et il se prête à cette folie sans crainte de la contagion mais sans vraiment savoir pourquoi. Par orgueil, peut-être. Ou par besoin de se dévouer.
Quand la ville est évacuée et la population survivante réfugiée dans les collines des alentours, Angelo suit le mouvement, et c'est là qu'il retrouve un autre carbonaro italien, conspirateur comme lui, son frère de lait Giuseppe, qui règne sur un groupe de révolutionnaires. Ils décident de fuir cette région en proie à l'horreur et se séparent en se donnant rendez-vous dans un hameau de la Drôme.

Par monts et par vaux

Angélo se remet en selle et essaie d'échapper aux gendarmes qui barrent les routes. C'est à un de ces postes de contrôle sanitaire qu'il retrouve Pauline de Théus, avec laquelle il fausse compagnie aux autorités, comme à la quarantaine où ils sont enfermés après avoir été arrêtés quelques lieues plus loin.
Leur équipée se poursuit plusieurs jours, par monts et par vaux, échappant ici à une tentative d'assassinat par des villageois, là aux soldats qui occupent les villes. Le roman d'aventure devient roman d'amour. Mais platonique, car Pauline est mariée et est en route pour retrouver son mari, bien plus âgé qu'elle et qu'elle aime.
Angélo lui a proposé de l'accompagner jusqu'à sa propriété et a tout loisir d'apprécier son courage face aux dangers et à l'épidémie, comme son élégance et son aisance à cheval. Ses qualités en font son alter ego. Il l'admire et, sans vraiment se l'avouer, il l'aime et finit par se confier à elle un soir où ils ont passablement bu. Pauline, qui éprouve des sentiments semblables, soudain s'écroule : elle est rattrapée par le choléra. Angélo la déshabille et la frictionne désespérément, comme lui a enseigné de faire le « petit français » et il finit par la sauver. Ce sera leur seul contact charnel et leur acte d'amour, car quelques jours plus tard, ayant reconduit Pauline auprès de son époux, Angélo remonte en selle pour rejoindre l'Italie.

Un héros résistant

Dans ce gros roman, le choléra est bien plus que le choléra et Giono rajoute des symptômes à ceux pour lesquels il s'est déjà abondamment documenté et qu'il multiplie en des évocations dantesques de vomissements, dysenterie, agonies foudroyantes et rictus cadavériquesâ¦
On est peu après la guerre et Camus, dans la même période, convoque la peste pour symboliser les tragédies qui s'abattent sur les hommes et les forcent à se révéler dans leur vérité. Il en va de même pour Angélo et Pauline, dont la noblesse et la générosité sont les traits de caractère dominant face à l'épidémie. On ajoutera le courage et, pour Angélo, la fougue alliée à une certaine candeur.
Ce qui importe, c'est qu'il résiste. A l'air du temps et à la peur, qui est le vrai thème central du roman. Car le choléra n'est autre que la crainte d'attraper le choléra : « un révélateur », dira Giono. Son carbonaro fait fi des prudences ordinaires et passe au travers, grâce à sa vertu. Il est la figure du héros - doutant cependant parfois de sa propre valeur - en ce qu'il s'oppose aux couards dont il croise la route et que la peur rend capables de toutes les bassesses, de tous les égoïsme, de toutes les haines.

Michel Baglin

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