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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: right;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;">« La discontinuité de lâopération de penser est réelle »<br /> Pascal Quignard<br /> <br /> <br /></span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...74078970d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Lambert-schlechter-monsieur-pinget-saisit-le-rateau-et-traverse-le-potager" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e201bb09e74078970d img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e201bb09e74078970d-75wi" style="width: 75px; margin: 0px 5px 5px 0px;" title="Lambert-schlechter-monsieur-pinget-saisit-le-rateau-et-traverse-le-potager" /></a>Lambert Schlechter nâéprouve aucune gêne technique à lâégard du fragment et fonce au cÅur de cette forme et en use sans relâche à corps généreux depuis moult écrits dont il fait livres quâil rassemble en une vaste fresque macrocosmique quâil nomme « Murmure du monde »¹ ; dâailleurs, le titre étrange de ce livre est un fragment en soi (27 : 1). Ce sont de minuscules courts-circuits nerveux numérotés (issus de ses carnets frénétiques) qui esquissent ce que lâauteur appelle, modestement, une « amorce de pensée », le tout en petits (non-)essais. Humble comme un ermite bouddhiste devant lâimmense monde appuyant de tout son poids sur « un minuscule insecte dâun millimètre et demi » et ployant sous sa propre généalogie littéraire dâune ampleur impressionnante, Lambert Schlechter déclare « je ne suis quâun pensateur » et laisse sa pensée errer autour du monde en 28 chapitres et en capte des morceaux au passage. La femme, le sexe, Dieu, lâécriture, les livres, les hommes, la philosophie, les sujets dâesquisse et dâamorce sont multiples et non-exhaustifs, câest pourquoi lâauteur agrandit son macrocosme à chaque livre de sa fresque (on pourrait soupçonner chez Lambert Schlechter quelque fantasme de pacte faustien dans le seul dessein dâécrire <em>ad vitam aeternam</em> tant est palpable son plaisir du texte). « Dans un grand livre, il y a tous les livres. Marc Aurèle, à la fois éclectique &amp; universel, dans le VII^e livre de ses âPensées pour moi-mêmeâ, on rencontre tour à tour Qohelet, Omar Khayyam, Confucius, Spinoza, Kant, Jésus, Socrate, Bouddha, Epicure, Montaigne », écrit-il (10 : 7), aspirant à ce grand livre ; à une somme phénoménale de « Murmures » ; cela générant de très touchantes méditations sur la vieillesse.<br /> <br /> Sur le plan de lâécriture, Lambert Schlechter joue subtilement avec la rupture ; le fragment tranche avec ce qui sâinterrompt, mais crée une continuité invisible. Câest de lâattaque interrompue dans son fil pensif. Chaque fragment semble une partie détachée dâun tout ; un geste émanant dâun corps-texte.<br /> <br /> Lambert Schlechter ne fait pas fi de la subjectivité, nâécarte nullement le dâoù-ça-part, lâécriture, dâun ego ouvert, centrifuge, et nombreuses sont les anecdotes de la vie quotidienne, voire les détails de sa vie sexuelle. En pourfendeur de lâaustère religion chrétienne, irréligieusement impie, Lambert Schlechter a une pensée sexuelle du monde : le petit pénètre le grand. (« Derrière une infinie fine membrane invisible, tout le temps là, tout près : lâindescriptible béance du néant »)<br /> <br /> Des pensées labiles et variées, à lâimage de son maître et seigneur de Montaigne, dont la grandeur lâaspire : « Montaigne, en vingt ans dâécriture permanente, avait le temps et le loisir dâécrire plusieurs livres â et câest dâailleurs ce quâil a fait, sauf quâil les a tous mis, intercalés &amp; enchevêtrés dans un seul «  (12 : 9) ; des pensées enfilées les unes à la suite des autres comme les perles sur le fil dâun collier, reliées entre elles sur ce fil ténu pour rabouter une totalité tout autant ténue, puisquâil sâagit ni plus ni moins du monde. Mais des pensées si prégnantes et présentes quâon pose un regard tactile sur elles, qui dispensent alors au lecteur un étonnement jouissif à longueur de lignes. Composé de 28 chapitres, le livre ne fait pas le tour de la question de lâhomme et loin de là et câest bien, car le « Murmure » est infiniment ouvert.<br /> <br /> <br /> <strong>Jean-Pascal Dubost<br /> </strong><br /> <br /> ¹ Les volumes 7 et 8 sont à paraître, et le 9 est en chantier.<br /> <br /> Lambert Schlechter, <em>Monsieur Pinget saisit le râteau et traverse le potager</em>, « Le Murmure du monde/6 », Editions Phi, 2017, 136 p., 19â¬<br /> <br /> Lire <a href="https://is.gd/2EejUX">la note de Mathieu Jung</a> publiée ce même jour dans <em>Poezibao</em>. </span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"> </p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/KBGDjFUWxdY" height="1" width="1" alt=""/>

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