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(Anthologie permanente) William Cliff, "Au Nord de Mogador"


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Posté 15 janvier 2018 - 10:03

 

6a00d8345238fe69e201b8d2cfa995970c-75wiWilliam Cliff publie Au nord de Mogador, aux éditions Le Dilettante. (Parution le 7 février 2018)






Petit insecte humain

Petit insecte humain qui rampes sur la terre
Dont lâincertain destin te désole et tâatterre
quand par un soir d'été tu t'en vas plein de doute
écoutant la rumeur qui vient d'une autoroute,

et qu'elle te semble extraordinaire quand même
et palpitante l'existence que tu mènes
malgré les cruautés qui sévissent parfois
entre quelques cités travaillées par des voix

méchantes qui font que comme des sales bêtes
les hommes s'entretuent pour d'ineptes prétextes,
oui par ce soir magique qui s'intensifie,
tu dis merci de pouvoir vivre cette vie

et dans le matin déjeuner assis dehors
recevant du soleil ses merveilleux trésors.

/

Le chemin

Un chemin défoncé, des ornières gluantes,
des feuilles mortes qui dans la tourmente tremblent,
des ronces desséchées faute de sève et des
cailloux révulsés par des camions qui passaient
agrandissant encor les dégâts de leurs roues,
et c'est pourtant en regardant tous ces cailloux,
ces ronces, ces feuilles, ce chemin, ces ornières,
que j'ai senti du courage dans mes artères
après avoir suivi le spectacle navrant
d'une amie emmenée à son enterrement.
Et puis rentré chez moi j'ai pensé qu'il fallait
aller chercher de quoi manger, et c'est après,
en marchant sur ce chemin rempli de misère,
que j'ai senti se renforcer mon caractère
sans pour autant que cette amie ne continue
de me navrer sous un ciel noirci par la nue.
Ensuite je me suis mis à faire à manger
afin de sustenter le corps maigre que j'ai.

/

Église Saint-Merri

Un chÅur d'adolescents chantait à Saint-Merri,
petite église sale entourée de maisons
noires rue Saint-Martin près du centre Beaubourg.
Avant de me rendre à je ne sais quelle tâche,
j'étais entré dans cette église dont le prêtre
très enrhumé, grand moustachu et chevelu,
fouillait sous son aube pour trouver un mouchoir.
Mais en faisant le tour de l'église j'avais
vu ces adolescents tenant sur leur poitrine
un portefeuille avec des partitions alors,
après que le prêtre eut parlé dans le micro,
ils avaient entonné le Kyrie Eleison
sous la direction d'un homme affreux et terrible
dont les griffes mordaient l'air de la vieille église,
et le chant s'élevait divin et magnifique
sous les gestes de l'homme tirant la musique,
moi enfoncé dans une cache latérale
pour mieux dévisager l'air de cette chorale,
je vis l'un des gamins clamer le Gloria
lequel fut enchaîné par tous ses camarades
dont les voix s'élançaient vers les ogives fières
pendant que des larmes tombaient de mes paupières
sur le sol séculaire où à la Renaissance
cette hymne sublime osa braver le silence.
Et le prêtre reprit lâusage du micro
Ce qui me fit mâenfuir dans le trou du métro.


William Cliff, Au Nord de Mogador, Le Dilettante, 2017, 128 p. 15â¬, pp. 6, 26 et 39. (parution le 7 février 2018)

William Cliff dans Poezibao :
extrait 1, "Lecture" poétique 4, extrait 2, Immense Existence (par T. Hordé), au lundi des Poètes, mai 07, autour de Immense Existence (prix des découvreurs), Epopées (note de lecture), extrait 3, extrait 4, extrait 5, ext. 6

 

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